Modernisation des bibliothèques : la coopération arabe, clé face aux défis numériques (Bensaid)

La coopération arabe en matière de modernisation des bibliothèques nationales n’est pas un choix, mais une nécessité stratégique pour relever les défis communs posés par la révolution numérique, a indiqué, lundi à Rabat, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaïd.
“Plus que jamais, il nous appartient de renforcer l’action collective, d’échanger les expertises et d’élaborer une vision commune pour moderniser et développer nos bibliothèques nationales, élargir leurs services et consolider leur rôle”, a fait savoir M. Bensaïd dans une allocution lue en son nom par la directrice du livre, des bibliothèques et des archives au sein de son département, Ghizlane Drous, à l’occasion de l’ouverture du premier Forum des bibliothèques nationales du monde arabe.
Le ministre a rappelé que les bibliothèques nationales constituent un levier essentiel du développement durable, tant sur le plan culturel qu’académique, en insistant sur leur positionnement central dans la transformation numérique et leur importance croissante au sein de la société, en particulier auprès de la jeunesse.
M. Bensaïd a réaffirmé le soutien constant de son département à toutes les initiatives visant à promouvoir le paysage culturel arabe, ajoutant que ce Forum constitue une plateforme agissante de dialogue, de planification et d’action.
De son côté, la directrice de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM), Samira El Malizi, a relevé que la tenue de ce premier Forum à Rabat, “Ville Lumière”, illustre l’engagement du Royaume à faire progresser le secteur des bibliothèques par l’adoption des meilleures pratiques modernes, l’amélioration continue de la qualité des services et le renforcement de leur rôle en tant que pôles dynamiques de savoir et de culture.
Elle a souligné que, dans un monde où les nations élaborent désormais leurs stratégies de développement sur des bases scientifiques articulées autour des connaissances informatiques et de l’intelligence artificielle, cet événement revêt une importance capitale dans l’ancrage du savoir, la préservation de l’identité culturelle et le soutien au développement durable.
Ce Forum est un rendez-vous majeur pour l’échange d’expériences réussies entre les directeurs de bibliothèques et les décideurs concernés, contribuant ainsi à l’élaboration de stratégies numériques innovantes en faveur de nouvelles perspectives pour les bibliothèques nationales arabes.
Pour sa part, le directeur du Bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour le Maghreb à Rabat, Eric Falt, a noté que “nous nous retrouvons à un moment décisif pour les bibliothèques, les institutions de mémoire, et plus largement pour la préservation de notre patrimoine documentaire”, ajoutant que l’UNESCO alerte, depuis plusieurs années, sur les usages croissants de l’IA dans tous les domaines de la société.
En 2021, les États membres de l’UNESCO avaient adopté une recommandation sur l’éthique de l’IA, un texte pionnier, le tout premier cadre normatif dans ce domaine, a-t-il rappelé, précisant que ce document propose des principes clairs et des actions concrètes pour encadrer les usages de l’IA dans des secteurs clés, y compris les bibliothèques, les archives et les musées.
Le directeur général de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO), Mohamed Ouled Amar, a, quant à lui, souligné que le thème de ce premier forum “L’intelligence artificielle au service des bibliothèques et du patrimoine documentaire”, incarne à la fois authenticité, modernité, préservation de la mémoire collective de la nation et exploitation des avancées technologiques de dernier cri dans ce domaine vital.
Les bibliothèques n’ont jamais été de simples entrepôts de livres, mais ont toujours fait office de cœur battant du savoir et des passerelles entre passé, présent et futur, a-t-il insisté, faisant observer que le patrimoine documentaire représente le trésor caché de la nation, son registre vivant, gardien de son identité et de son histoire, et socle des études, des recherches et des apprentissages.
M. Ouled Amar a également salué l’apport de l’IA dans cet univers de la connaissance, y voyant un outil avancé renforçant les capacités des bibliothèques, à travers la numérisation rapide et précise des archives et manuscrits, l’analyse des textes anciens, la compréhension de leurs contextes et des services de recherche intelligents et personnalisés.
Dans la même veine, le secrétaire général par intérim de la Commission nationale pour l’éducation, les sciences et la culture (MarocNatCom), Karim Hamidouche, a mis en avant la nécessité de prendre en compte les défis technologiques et éthiques posés par l’IA, dans le contexte actuel de la révolution numérique mondiale.
Ce forum revêt une importance particulière en tant que plateforme d’échange autour de la préservation et de la valorisation des manuscrits et de partage des expériences fructueuses, a-t-il ajouté.
Organisée par la BNRM, en collaboration avec l’ALECSO, l’UNESCO et MarocNatCom, cette rencontre de deux jours comprend des séances abordant “le rôle de l’IA dans le développement des services au sein des bibliothèques nationales”,”la gestion du patrimoine manuscrit : richesse, diversité, contraintes de conservation et d’accès”, et “les expériences des bibliothèques nationales arabes dans le domaine en matière de d’IA”.