(Billet 62) – Enseignants « contractuels », basta mais sans baston !
Ils sont plus de 50.000 et on ne voit qu’eux deux… Saadeddine Elotmani et Saaïd Amzazi vs les profs contractuels… vous savez, ces profs qu’on avait recrutés plus sur constat que sur contrat mais qui veulent, eux, être soumis au régime de la fonction publique. A défaut, ils sont soumis à rude épreuve, abreuvés en ces temps de sécheresse par les puissants jets des canons à eau estampillés DGSN. Les deux camps ont tort, les enseignants dans le fond et le gouvernement dans la forme.
Les jeunes enseignants fulminent contre cette nouvelle politique du recrutement par contrat, même si les choses ont évolué et que l’Etat ait mis de l’eau là où il doit en mettre. Les profs n’ont quand même pas confiance et craignent qu’un jour, les académies régionales (ou AREF) dont ils relèvent ne les licencient. Ils veulent la sécurité de l’emploi et dans l’attente, ils mettent en insécurité leurs élèves. Car l’Etat ne cédera point. D’abord, par principe, nature et réflexe, il n’aime pas trop céder, et ensuite, il est dans son rôle, refusant d’enrôler plus de fonctionnaires, dans le louable objectif de réduire sa masse salariale. Même au moyen d’un jeu d’écritures comptables, juste pour faire plaisir à son auditeur appelé FMI par exemple ? Même. La régionalisation, avancée et stressée, a un coût, et le gouvernement est prêt à l’assumer. Soit.
Alors, une quinzaine de milliers de ces jeunes gens ont été faire le pied de grue devant le parlement, faisant par la même occasion un joli pied de nez au gouvernement. Les choses se sont relativement bien passées, y compris l’opération de dispersion, avec canons à eau. Or voilà que M. Amzazi, fatigant comme un remords et remarquablement zinzin, sème la zizanie par son propos provocateur et sa remarquable et singulière propension au mépris. Par bonheur, ce n’est pas lui qui commande la police, bien plus humaine que lui.
Ministre boudeur contre enseignants frondeurs, ministre hargneux contre enseignants teigneux. Et comme toujours avec notre gouvernement, c’est le mutisme, voire l’autisme (politique). Les partis, flairant l’aubaine électorale, manœuvrent, et pourtant… les enseignants demandent simplement à rencontrer M. Elotmani qui, en bon thérapeute, pourrait aisément trouver les mots justes pour panser leurs maux… car il est important que les enseignants comprennent la politique de l’Etat, qui n’est pas si mauvaise, et qui évolue. Mais l’Etat devrait pouvoir dire basta sans activer la baston !
Aziz Boucetta
