FAR: L’apport stratégique du Maroc pendant la Seconde Guerre mondiale mis en lumière à Rabat

FAR: L’apport stratégique du Maroc pendant la Seconde Guerre mondiale mis en lumière à Rabat

L’engagement du Maroc durant la Seconde Guerre mondiale et son rôle dans la libération ont été au centre d’un colloque organisé mardi à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc (BNRM), un évènement tenu en exécution des Hautes Instructions de SM le Roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d’État-Major Général des FAR.

Organisé par la Direction de l’Histoire Militaire (DHM) relevant des Forces Armées Royales (FAR) à l’occasion du 80è anniversaire de la Seconde Guerre mondiale (1945-2025), ce colloque a pour objet de mettre en lumière le sacrifice de milliers de soldats marocains ayant combattu aux côtés des Alliés, entre 1940 et 1945.

Cette rencontre, qui a réuni des historiens et des chercheurs et de hauts responsables militaires marocains et étrangers, a permis de raviver la mémoire d’un chapitre crucial de l’Histoire marocaine et mondiale, et de débattre de divers aspects de la participation marocaine à cette guerre, notamment en termes de mobilisation, d’organisation des unités et des batailles auxquelles les troupes marocaines ont pris part, l’objectif étant de promouvoir cette mémoire auprès des générations montantes.

L’accent a été aussi mis sur le rôle stratégique du Maroc en tant que base militaire, fournisseur de troupes et lieu de préparation des opérations alliées, surtout lors du débarquement en Afrique du Nord (Opération Torch, 1942).

Intervenant à cette occasion, la directrice des Archives Royales, Bahija Simou, est revenue sur “l’appel lancé, le 3 septembre 1939, par le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef aux Marocains pour soutenir la France et ses alliés”.

“Cet appel, ancré dans une légitimation religieuse et nationale, marque un tournant politique fort”, a-t-elle dit, notant qu’il a démontré la volonté du Maroc de participer pleinement à l’effort de guerre mondial et annoncé un engagement profond aux côtés de la France, aux niveaux militaire, économique et symbolique.

Pour sa part, l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a souligné que cette rencontre est l’occasion de rappeler avec force le rôle majeur joué par le Royaume du Maroc et ses soldats aux côtés de la France, notamment dans les campagnes de Tunisie, d’Italie et dans la libération du territoire français.

“Je tiens à exprimer mon profond respect à tous ces combattants, venus de loin pour défendre la liberté sur notre sol”, a-t-il argué.

Ce colloque, a-t-il poursuivi, s’inscrit dans la continuité des travaux de recherche initiés en 2010 et 2018 en vue de renforcer la mémoire partagée entre les deux Nations et de mettre en lumière les liens historiques et humains profonds maroco-français.

“La France n’oubliera jamais les 40.000 Marocains tombés pour sa liberté ni les 90.000 qui se sont engagés” dans cette guerre, a tenu à préciser le diplomate français, faisant observer que cette “fraternité d’armes est un socle solide de notre amitié”.

De son côté, l’historien Issa Babana El Alaoui, de la DHM, a indiqué que ce colloque constitue une opportunité de revisiter l’histoire à travers une lecture renouvelée, académique et comparative valorisant les apports civils et militaires des Nations.

“Le Royaume du Maroc, fort de son héritage millénaire, a toujours défendu les valeurs universelles de liberté et de dignité. Son engagement aux côtés des Alliés, spontanément exprimé dès 1939 par Feu SM le Roi Mohammed V, témoigne de cette fidélité aux causes justes”, a-t-il rappelé.

Saluant les travaux des chercheurs et historiens en la matière, M. Babana El Alaoui a, dans ce sens, mis en avant le prolongement d’un engagement en faveur de la vérité historique et du dialogue des civilisations.

Quant au Haut-commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération, Mustapha El Ktiri, il a salué la bravoure des troupes marocaines qui ont fait preuve d’un courage exceptionnel au-delà des frontières de leur pays et de leur culture.

“Ces hommes ont transcendé leurs origines pour défendre des valeurs universelles : la liberté, la solidarité et l’unité humaine. Leur engagement n’a pas été un simple acte de guerre, mais un choix pour défendre la dignité humaine face à l’oppression nazie et fasciste”, a-t- il dit dans une allocution lue en son nom par le directeur des études historiques au Haut-Commissariat, Hmida Maaroufi.

“Plus de 90.000 soldats marocains ont pris part à ce combat, abandonnant leurs terres et familles, prêts à tout sacrifier. Leur sacrifice a marqué une étape cruciale dans l’histoire du Maroc, qui, bien qu’encore sous protectorat, a montré son engagement envers la liberté et la paix mondiales”, a-t-il fait remarquer.

Dans la foulée, Pierre Vermeren, historien français, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a passé en revue les étapes phares de l’engagement des soldats marocains aux côtés de la France durant la Grande Guerre.

“Leur engagement forge une alliance durable, concrétisée notamment par la construction de la Mosquée de Paris en 1926. Cette collaboration, poursuivie jusqu’en 1939, préfigure une relation plus équilibrée entre les deux Nations”, a-t-il précisé.

Le directeur de l’Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc, Rahal Boubrik, a rappelé que dès septembre 1939, le Maroc s’est mobilisé pour soutenir la France face à l’Allemagne nazie, ajoutant que le Royaume a également contribué à cette guerre par ses ressources et ses infrastructures.

Cet engagement, souvent méconnu, a renforcé les liens entre la France et le Maroc, a-t-il ajouté, relevant qu’il témoigne d’une “solidarité historique exceptionnelle”.

Ce colloque s’est déroulé en présence, entre autres, du Général de Brigade Youssef El Mehdi, Chef de la Direction de l’Histoire Militaire des FAR, de la directrice générale de l’Office National des Combattants et des Victimes de Guerre (France), Marie-Christine Verdier-Jouclas, ainsi que de représentants du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et des Marocains résidant à l’étranger, en plus de diplomates et de responsables civils et militaires.



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