Le Brésil saisit l’OMC pour contester les surtaxes américaines sur ses exportations

Le gouvernement brésilien a annoncé avoir saisi officiellement l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester la récente décision de son homologue américain de porter à 50 % les droits de douane sur les importations en provenance du Brésil, une mesure jugée « discriminatoire et politiquement motivée ».
Dans un communiqué publié mercredi, le ministère brésilien des Affaires étrangères (Itamaraty) a confirmé avoir présenté une demande de consultation à l’OMC, dont le siège est à Genève. Cette démarche constitue la première étape du mécanisme de règlement des différends, prévu dans le cadre des accords commerciaux multilatéraux.
Les nouvelles taxes américaines, entrées en vigueur au début de ce mois, concernent environ 36 % des exportations brésiliennes vers les États-Unis, selon les estimations du ministère du développement, de l’industrie et du commerce.
Il s’agit de la surtaxe la plus élevée jamais imposée au Brésil par un gouvernement américain. Bien que certains secteurs stratégiques comme l’aviation civile, le pétrole, les pièces automobiles, les engrais et les produits énergétiques soient exemptés, des produits clés tels que la viande et le café sont directement impactés.
L’action devant l’OMC vise à faire reconnaître l’incompatibilité de ces mesures avec les règles du commerce international, mais le gouvernement brésilien admet que le processus est long, complexe et sans garantie de succès, dans un contexte où le rôle de l’OMC a été affaibli ces dernières années.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a d’ailleurs réitéré son appel à un renforcement de l’organisation, estimant qu’elle devrait redevenir un arbitre efficace des différends commerciaux entre pays.
Une résolution officielle, publiée mardi dans le Journal officiel a autorisé Itamaraty à activer formellement le mécanisme de règlement des différends, permettant l’ouverture de consultations avec la partie américaine.
Selon les autorités brésiliennes, la décision américaine repose en grande partie sur des considérations politiques, en particulier en lien avec les poursuites judiciaires engagées contre l’ex-président Jair Bolsonaro.
Dans une lettre publique adressée à Lula et diffusée via sa plateforme Truth Social, Donald Trump a critiqué avec virulence la procédure pour tentative de coup d’État visant Bolsonaro, qu’il qualifie de « chasse aux sorcières » et de « honte internationale ». Il a exigé que le procès soit suspendu, conditionnant implicitement l’arrêt des sanctions commerciales à cette demande. « J’ai connu et respecté profondément Jair Bolsonaro. Le traitement qu’il subit est une honte.
Ce procès ne devrait pas avoir lieu. C’est une chasse aux sorcières qui doit cesser immédiatement ! », avait écrit Trump en juillet, en annonçant les nouveaux tarifs.