(Billet 1197) - Il faut soutenir notre appareil sécuritaire !

(Billet 1197) - Il faut soutenir notre appareil sécuritaire !

Les choses ont commencé à apparaître peu à peu voici quelques années, et voilà qu’aujourd’hui elles se précisent de plus en plus. De vidéos en youtubeurs, d’articles écrits en sujets télés, d’exilés volontaires en escrocs patentés, les assauts fusent de tous les côtés contre l’appareil sécuritaire marocain. Et comment pensez-vous que l’on procède quand on souhaite l’effondrement d’un édifice ? On s’en prend à ses piliers, le central et ses latéraux, c’est-à-dire dans le cas qui nous intéresse ici, le Maroc en l’occurrence, à la monarchie et aux services de sécurité.

C’est vrai que la théorie du complot, ou le complotisme, ce n’est pas bien, mais il est tout aussi vrai que parfois, des manœuvres et autres manipulations adviennent, pour une raison ou pour une autre. Autrement dit, tout réduire au complot est facile et inutile, mais parfois, c’est le cas. C’est même pour cela, ou plutôt contre cela, qu’existent les services de renseignement et même des cabinets d’intelligence économique, pour le privé. Il n’est donc pas abusif de considérer que des gens, malintentionnés ou guidés par un objectif spécifique, puissent organiser des opérations de désinformation, désorganisation, et même déstabilisation.

Quels qu’ils soient, où qu’ils soient, pour quelque raison qui soit.

Alors le Maroc a eu droit, depuis quelques années et surtout ces derniers douze mois, à des attaques en règle et autres assauts à la hussarde. Se souvient-on du fameux boycott de 2018, contre trois marques commerciales connues ? On attend toujours d’en savoir plus car des personnages politiques de premier disaient savoir. Et puis, plus récemment, les youtubeurs se sont multiplié, attaquant tout et s’en prenant à tous, mais essentiellement les responsables sécuritaires, et à leur tête le chef du pôle sécuritaire DGST/DGSN Abdellatif Hammouchi. Ce haut-fonctionnaire, de par ses fonctions, est la cible privilégiée des accusations, rumeurs, désinformations, et parfois même menaces. Tout y passe, famille, compétence personnelle, plans supposément ourdis contre ses supérieurs… M. Hammouchi est le point de mire privilégié des attaques les plus insidieuses.

Privilégié, mais loin d’être unique. Que l’on en juge, et on verra bien si c’est d’une simple théorie du complot ou au contraire d’une véritable action concertée. D’abord, il y a eu ces youtubeurs qui sont apparus, un peu partout dans le monde, puis qui ont fait des petits : leurs histoires sont rocambolesques, sur l’appareil de sécurité du Maroc et ses dirigeants. Rien, aucune preuve, que des rumeurs amplifiées pour devenir virales, des accusations sans fondement récurremment colportées, des écrits qui viennent d’on ne sait où… Puis, pour aller vite et faire court, apparaît un groupe de hackers qui dit s’appeler JabarootDZ, avant de renoncer au DZ. Il procède selon le schéma classique consistant à d’abord se faire connaître et gagner la confiance en divulguant des données plutôt accessibles mais surtout vérifiables, puis dans une seconde étape il en révèle d’autres, exacts ou faux mais s’adressant à l’affect des populations, et puis, enfin, fort de ces acquis, il passe à l’attaque, avec des faits rapportés comme étant réels. Aujourd’hui, leur angle d’attaque est de monter les uns contre les autres et chercher à fracasser cette unité de l’intelligence sans laquelle rien n’est possible. Et plus c’est gros, comme on dit, mieux ça passe. Face et suite à la recrudescence des attaques contre les systèmes informatiques nationaux, ce n’est pas un hasard si le roi Mohammed VI a nommé cette semaine un nouveau général à la tête de la Direction générale de la sécurité des systèmes informatiques DGSSI).

On parle également de complot contre la monarchie, conçu et mené par des gens de l’entourage et des services, et on évoque des luttes intestines au sein même du palais, dans la plus pure tradition des intrigues de cours royales et impériales des siècles passés. Le prince héritier n’échappe pas aux assauts, le roi est présenté comme une victime des siens, on détaille les luttes de clans qui rythmeraient le palais et on grossit le trait sur une guerre des services qui battrait son plein, décrite par des rumeurs que rien n’étaie ou des faits excessivement amplifiés... Du petit Rocambole, du grand Guignol, car il se trouve que nous sommes au 21ème siècle et que le Maroc, c’est un Etat structuré, une société soudée par son histoire et un peuple pacifique.

Pourquoi donner crédit à tout cela ? Parce qu’un faisceau de faits conduit à penser que ces attaques, étant convergentes et ciblées, sont de même nature et poursuivent le même objectif : affaiblir un système politique et semer le doute sur l’appareil sécuritaire. En 2020, le très influent think tank allemand, le SWP, avait recommandé à l’Union européenne et à l’Allemagne de « freiner l’avancée du Maroc et de privilégier l’Algérie et la Tunisie pour créer un équilibre au Maghreb ». Puis, partant du même constat que les Allemands, les Français, à travers leur DGSE, ont également enclenché une opération de containment du Maroc face à ses ambitions désormais affichées ; on prête des propos dans ce sens, jamais démentis, à l’ancien patron de la DGSE Bernard Emié. Quant aux Espagnols, leurs services d’intelligence militaire et de sécurité affichent des positions où coopération et méfiance s’entremêlent. Et puis il y eut aussi l’affaire Pegasus contre le renseignement marocain, le MarocGate contre sa diplomatie et même les informations, vidéos et écrits s’en prenant à la personne de Mohammed VI (la dernière « grande enquête du Monde » n’est pas étrangère à tout cela. Aujourd’hui, les choses se sont accélérées, avec Jabaroot et Jerando, Lfercha et Hijaouy, et d’autres encore. Et toutes leurs attaques vont dans le même sens et visent le triangle sécurité-armée-renseignement extérieur.  

Par ailleurs, la position géostratégique équidistante du Maroc concernant l’Ukraine, ses relations très équilibrées entre les Grands de ce monde et les avancées que sa diplomatie réalise en Afrique et dans le monde sont susceptibles de créer des postures de défiance, voire de méfiance, face à l’attitude de plus en plus décomplexée de Rabat. On parle aussi des Emirats Arabes Unis et de leur volonté d’hégémon, contrariée au Sahel et dans l’Atlantique par le Maroc, d’Israël et de ses manœuvres, le tout aggravé par le climat de tension extrême qui règne aux frontières orientales du royaume.

On peut donc avoir toutes les raisons du monde de penser que le Maroc, en multipliant ses amitiés, ne s’est pas fait que des amis et que ses contempteurs prolifèrent, et sont désormais passés à l’action à travers leurs proxies.

Pourquoi soutenir ? Comme une équipe de foot, les services sont peuplés d’hommes et de femmes qui, comme les joueurs de foot, ont besoin d’être soutenus, encouragés et protégés pour mieux protéger. Cela n’a l’air de rien, mais la sécurité est un luxe dont bien des pays ne peuvent bénéficier et dont encore moins de pays peuvent se prévaloir. Le Maroc en fait partie. Et il en va de même pour la stabilité politique et la paix social ; l’insécurité existe, mais ce n’est ni Tijuana ni Johannesburg, pas même Marseille ou Chicago.

Ici, la police ou la gendarmerie ne tirent pas, ou très rarement, et ne tuent jamais ; il n’existe pas de criminalité organisée à grande échelle, sauf peut-être des groupes de trafiquants de stupéfiants au nord du pays, combattues par les polices marocaine et européennes. Au Maroc, les deux derniers attentats remontent à décembre 2018 à Imlil et avril 2011 à Marrakech, les deux attaques ayant été menées par des « loups solitaires » contre lesquels aucun service ne peut rien. Le Maroc est considéré comme l’un des pays les plus sûrs du monde en matière de terrorisme, et des centaines de cellules ont été démantelées ces 15 dernières années.

C’est pour ce résultat et aussi pour l’implication des services de sécurité dans la gestion quotidienne de la Covid-19 que l’appareil sécuritaire marocain doit être appuyé, et c’est pour résister aux assauts masqués des Algériens et de leurs créatures des sables que l’armée doit être aussi soutenue. Regardons les faits et la réalité, étudions les rapports sécuritaires mondiaux et constatons la paix qui règne au Sud, et encourageons nos services de sécurité au sens large (police, renseignement, gendarmerie et armée). Cela les incitera à bien faire, à mieux faire, à parfaire.

Qui soutient ses services dans le monde ? A chaque fin de discours, le roi Mohammed adresse ses remerciements, soutien et encouragement aux « porteurs d’uniforme », et en cela, il agit de la même manière que les Américains, les Français, les Russes, les Espagnols, les Egyptiens, les Turcs… Dans ces pays, les populations sont reconnaissantes à leurs services de sécurité, bien que les résultats ne soient pas toujours au rendez-vous, comme au Rwanda, au Sénégal, dans les pays nordiques et, plus généralement, en Europe… Il est quand même assez curieux que face à ces attaques concertées et récurrentes, les corps constitués et intermédiaires au Maroc ne se soient pas (encore) prononcés.

 

Le Maroc entre dans une période électorale mouvementée, l’affaire du Sahara court vers sa résolution, et le royaume sera scruté par le monde dans les années qui viennent. Nous avons besoin d’une technostructure sécuritaire forte (d’une classe politique pertinente aussi, mais cela est une autre affaire). Il nous faut donc sortir de nos préjugés et stéréotypes d’antan, de nos clichés sur les « moustachus », et il nous faut nous départir de cette attitude consistant à traiter de « Ayacha » quiconque défend ces services. Le principe est simple : nous avons bâti une nation, nous avons construit une société, nous tous, dont eux ; ils protègent nos existences et nos biens, tandis que d’autres défendent les intérêts du pays, et d’autres encore protègent les frontières (ça peut paraître un peu sous-développé, mais avec les types du Polisario et leur sponsors, défendre la frontière n’est plus un luxe). Alors, la moindre des choses est de les soutenir en retour, et de faire ainsi corps avec eux dans ce monde devenu dangereux où les amis peuvent se révéler ennemis et où les ennemis se confondent parfois avec les amis.

Merci à vous, Mesdames et Messieurs de l’armée, de la police et du renseignement extérieur et intérieur !

Aziz Boucetta



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