L’Institut CDG revient sur la valorisation de l’économie des soins

L’Institut CDG revient sur la valorisation de l’économie des soins

L'économie des soins, ou « Care Economy » en anglais, est un secteur qui contribue au développement économique durable et au travail décent. Elle regroupe des travailleurs impliqués dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des services sociaux et dépasse le cadre strict des services de santé pour englober un large éventail d’activités liées au soutien et à l’accompagnement des personnes. Ces activités incluent à la fois les soins directs (contacts personnels et émotionnels avec les bénéficiaires tels que les enfants, les personnes âgées, les personnes atteintes d’une maladie chronique ou en situation de handicap…) et les soins indirects (telles que les tâches domestiques comme le ménage, la préparation des repas ou la lessive…) essentiels au bien-être des personnes concernées.

C’est autour de cette thématique que l’Institut CDG a organisé un webinaire le 9 décembre 2024 avec Lamia Rhoufrani, Care Economy Specialist à ONU Femmes, El Houcine Akhnif, gestionnaire de programmes OMS, Kanth Priyanka, économiste à la Banque mondiale, et Ahmed Khalid Benomar, expert en politiques publiques.

Ainsi, selon l’Organisation Internationale du Travail, l’investissement dans les politiques de soins intégrant les soins aux enfants et les soins de longue durée permettront de créer 280 millions d’emplois en 2030 et 299 millions d’emplois en 2035 au niveau mondial. Quant au taux d’emploi des femmes, il pourrait passer d’une moyenne mondiale de 46,2% en 2019 à 56,5% en 2035, l’écart mondial de revenu mensuel entre les femmes et les hommes pourra être réduit, passant de 20,1% en 2019 à 8% en 2035.

L’économie des soins est de plus en plus reconnue comme un pilier fondamental d’un nouveau contrat social. En investissant dans ce secteur, les sociétés peuvent renforcer leur résilience, promouvoir l'égalité de genre et faciliter l’inclusion des groupes marginalisés, contribuant ainsi à un monde du travail plus inclusif et équitable. Et au Maroc, l'économie des soins peut jouer un rôle fondamental dans la réalisation des objectifs du Nouveau Modèle de Développement, dont l’un des axes de transformation concerne l’inclusion de toutes les franges de la population et la solidarité entre les citoyens.

Dans le royaume, le secteur de l'économie des soins fait face à plusieurs défis majeurs, notamment le vieillissement de la population, l'évolution des structures familiales et les inégalités de genre, nécessitant une révision des politiques publiques pour répondre à ces enjeux.

Mais l’économie de soins est aussi un levier de création d’emplois et d’inclusion. Et le Maroc dispose d’opportunités importantes pour faire de l’économie des soins un des moteurs de création d’emplois et de diversification économique. Les dynamiques en cours, telles que la mise en place de l’État social, le vieillissement de la population, les nouvelles exigences du marché du travail et les aspirations vers plus de flexibilité et d’épanouissement professionnel, positionnent ce secteur comme un levier de diversification économique.

Comment, dès lors, structurer le secteur de l’économie des soins au Maroc ? En développant, en premier, un système équilibré et intégré qui reconnaît le travail de soins, réduit les soins indirects non rémunérés et les redistribue, rétribuer équitablement le travail de soins et, enfin, ) représenter et renforcer la présence de ces travailleurs dans les associations et syndicats.

Il est également indispensable de structurer les financements de soins à long terme. Le rôle de l’État est central dans la structuration du financement des soins à long terme. Une gouvernance rigoureuse et des investissements ciblés dans les secteurs de la santé et de la protection sociale sont essentiels pour développer un modèle efficace et durable. En parallèle, l’intégration des services sociaux et de santé est primordiale afin d’assurer une utilisation efficiente des ressources et une couverture adaptée aux besoins variés des populations. Cette intégration repose notamment sur des critères clairs d’évaluation des besoins et d’admissibilité aux prestations.

En guise de recommandations, le webinaire en a formulé quelques-unes :

1/ Renforcer la coordination interinstitutionnelle,

2/ Professionnaliser l’offre de services,

3/ Réhabiliter les infrastructures de soins,

4/ Promouvoir l’implication du secteur privé,

5/ Encourager la culture de l’égalité et du partage,

6/ Investir dans l’ESS.



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