(Billet 253) – Les dealers du siècle
Le petit Jared l’a fait, pour le compte de l’éruptif Donald Trump. Il a (ou pense avoir) trouvé la solution que le monde entier cherche depuis 50 ans. Il va réconcilier Palestiniens et Israéliens, musulmans et juifs, sionistes et islamistes, tout, tous et toutes. Sauf que, fort de son amour pour la blonde Ivanka, et renforcé par l’ignorance vaniteuse de son beau-père, il appert qu’il n’a convaincu que les Israéliens.
Même les très pusillanimes Européens ont exprimé des doutes, c’est dire combien ce « plan de paix » est bancal et s’apparente à un plan d’épée, porté par MM. Trump et Netanyahou, aujourd’hui jugés par leurs pairs, et supporté par des Arabes que demain l’Histoire jugera.
En gros, ce plan consiste à graver sur le marbre noir de la mort les termes de l’holocauste où les Juifs se trouvent aujourd’hui du bon côté du fusil. On donne aux Palestiniens des miettes, après avoir émietté leur territoire, on les enferme dans une grande prison à ciel ouvert, on leur propose un « Etat » avec une laisse en forme de corde au cou, on leur demande de tout renier, eux-mêmes compris, et on présente comme « vision » une dérision qui confine au trouble de la vision, voire trouble tout court…
… Ce qui est dangereux et annonciateur de grands troubles à venir, géopolitiques, populaires, voire militaires, ceux-là ! Imagine-t-on un instant, un seul, les deux faucons de qualité remarquable que sont MM. Trump et Netanyahou penser que les Palestiniens applaudiraient à leur idée ? Bien évidemment non, ce qui implique qu’ils envisagent un passage en force, sans vraiment en calculer les conséquences. Ou plutôt si, mais mal !
L’inquiétant est de voir que les Américains, qu’on le veuille ou non co-maîtres du monde, maintiennent à la tête de leur pays un homme que la vanité et l’arrogance rendent flou, voire fou. Les Anglais, eux, en pleine loufoquerie brexitienne, se sont repris… les Italiens, en pleine euphorie salvinienne, ont eu un sursaut salvateur aux élections régionales du weekend… les Israéliens tanguent entre le moindre mal (Benny Gantz) et l’animal, mais les Américains semblent s’entêter et, pour une obscure circonscription en Idaho ou en Utah!, les sénateurs mettent le monde en danger, au bord de la guerre ou au moins de la crise de nerfs.
M. Trump, qui utilise la nuance avec modération, est en procès institutionnel pour mensonge et chantage, et M. Netanyahou, qui n’a jamais fait se tordre de rire une assistance, ira en procès pour corruption aggravée, et ce sont ces deux personnages qui aspirent à apporter la paix ? Cela revient à confier un nouveau-né prématuré à un catcheur excité… Plus périlleuse est encore la collusion de certains Etats arabes avec cet esprit de folie.
La Shoah ne peut tout permettre et on ne peut tout admettre en son nom. En reconduisant Netanyahou depuis plus de 10 ans à la primature, les Israéliens commettent cette grave erreur de croire que tout leur est permis, meurtres de masse, déni des droits les plus élémentaires, annexions sauvages, agressions des voisins tout aussi sauvages. La mémoire collective humaine s’épuise et les images d’Auschwitz et de Sobibor, malgré toutes les commémorations, s’effacent aujourd’hui face à celles de Gaza et des F-15 pilonnant des civils et des soldats tirant dans les dos.
Les Arabes de la péninsule, tourmentés dans leurs déserts, aveuglés de leurs richesses et troublés par leurs libidos, ont perdu leur discernement après avoir épuisé le peu d’entendement qu’ils avaient à leur naissance. Les ados attardés qu’ils semblent être multiplient les achats de quincaillerie dont ils ne savent se servir que pour sévir.
Après le coronavirus, la tension extrême au Moyen-Orient, le séisme en Turquie, le stress hydrique et la détresse climatique, le « deal du siècle » s’annonce comme une simple arnaque de dealers…
Aziz Boucetta
