(Billet 280) – Ne fêtez pas les femmes…faites qu’elles soient égales aux hommes!
Le 8 mars de chaque année bénie, le monde se rappelle de la présence de la moitié de sa population, et les hommes de l’existence de leurs moitiés… Les uns considèrent cette journée pour ce qu’elle est, la Journée internationale des droits de la femme, et d’autres chez nous, fourvoyés et dévoyés, se contentent de réduire ce 8 mars à la « fête des femmes », ce qui a le don de justement irriter les défenseurs des droits des femmes, femmes soient-elles ou hommes.
« Cherchez la femme », avait coutume de dire Alexandre Dumas, à l’occasion de la survenue d’un problème ou d’une problématique, d’un événement heureux ou d’une catastrophe. Cette phrase a été « popularisée » par la suite, pour imputer tous les fléaux de la terre à la gente féminine. Et oui, alors, « cherchez la femme », pourrions-nous dire, mais cette fois pour trouver des solutions aux maux de l’homo-sapiens.
Depuis que la vie existe sur terre et que femmes et hommes cohabitent, l’inégalité est reine et les hommes règnent. Il a fallu du temps pour que les femmes prennent la mesure de leur soumission à des hommes auxquels le non-sens étouffe les consciences. Les religions triomphent, et on peut penser tout le bien de ces religions, sauf qu’elles reconnaissent les femmes pour ce qu’elles sont et ce qu’elles apportent. Ce n’est que pendant les Lumières que ces dames pensent et osent se soulever. Mais hélas, l’une des premières, Olympe de Gouges, qui avait asséné en 1791 que si « la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune », n’est pas montée à la tribune, mais les hommes qui ont perdu la tête lui ont coupé la sienne sur l’échafaud…
Revenons au Maroc. Voilà ce que disait le roi en août 999 : « Comment espérer atteindre le progrès et la prospérité alors que les femmes, qui constituent la moitié de la société, voient leurs intérêts bafoués, sans tenir compte es droits par lesquels notre Sainte religion les a mises sur un pied d’égalité avec les hommes (…) alors même qu’elles ont atteint un niveau qui leur permet de rivaliser avec les hommes ».
20 ans après… les femmes sont toujours soumises à l’interprétation humaine du Coran en matière d’héritage… la loi sur la violence à l’égard des femmes se réduit à des fragments de Code pénal rédigés à contrecœur par des hommes allant à contresens de l’Histoire et même de la conscience, voire de l’intelligence… Le taux d’activité des femmes a fait un Grand Bond en Arrière, passant de 26,8% en 2013 à 21,5% aujourd'hui. Quant aux grands aréopages nationaux, publics ou privés, ils sont peuplés d’hommes en gris, mines sombres et cravates noires, avec quelques femmes appelées là pour mettre de la couleur…
Il reste la Commission Benmoussa, heureuse occasion de rendre grâce et de faire place aux femmes. S’il faut rendre hommage aux gens de la Commission pour avoir veillé à la présence de femmes à toutes leurs séances, il faut remarquer qu’ils n’ont pas (encore ?) reçu les femmes en tant que telles, pour appliquer à la lettre l’esprit du discours de 1999 et défendre leurs droits transversalement et globalement… de même qu’ils n’ont pas « écouté » les théologiens qui doivent admettre que nous vivons davantage en 2020 qu'en 1441... !
Foi, droits et emploi doivent aller de pair et être traités à la fois. La parité ne doit pas être de la charité. Si Dieu, dans Son infinie sagesse, a confié la maternité, l’enfantement, et donc la perpétuation de l’espèce, aux femmes, c’est qu’Il connaît leur valeur… De quel droit et selon quelle folle raison les hommes sont-ils sortis de cette logique ?
Avant l’emploi, plus que l’éducation, davantage que la santé, et en plus de la création de richesses et de leur heureuse répartition, le développement du pays ne saurait passer que par la pure et parfaite égalité des droits entre femmes et hommes et par une salutaire et entière pratique de la parité !
Aziz Boucetta
