(Billet 286) – Coronavirus, l’Etat réagit bien… faisons de même !
On ne peut dire que le Maroc aura pris à la légère le risque d’épidémie de coronavirus, malgré les sempiternelles dénégations et les inévitables critiques des infatigables contempteurs de tout. Les écoles sont fermées, les enceintes sportives sont fermées, les lieux rassemblant plus de 50 personnes sont fermés… et depuis aujourd’hui, les cafés, les restaurants, les hammams, les salles de sport, de jeux et de fêtes et les mosquées sont fermés. Le Maroc entier s’est même enfermé. Mais si l’Etat peut certes beaucoup, il ne peut pas tout. La lutte contre le Covid-19 passera aussi, et surtout, par nos actions au quotidien.
Vilipendés partout et par tous voici quelques mois pour des raisons bassement fiscales, les médecins se sont aujourd’hui montrés à la hauteur en se mettant immédiatement à la disposition du service public, en proposant à l’Etat et en cas de besoin des lits, des espaces d'isolement et les unités de réanimation des cliniques et autres centres de santé.
L’épidémie qui menace le royaume a conduit les pouvoirs publics à prendre les choses très sérieusement, et très rapidement. Il faudra des masques FPP2, des combinaisons, des gants, des lits, des espaces de confinement et d’isolement dédiés... Le roi Mohammed VI a été prompt à agir, donnant instruction pour la mise en place d’un fonds de 10 milliards de DH, soit plus d’un milliard de dollars, « une somme suffisante d’un point de vue sanitaire et médical », explique un épidémiologiste. A titre de comparaison, les Etats-Unis ont enclenché un plan d’urgence pour mobiliser 50 milliards de dollars, avec un PIB de 200 fois supérieur à celui du Maroc…
Le chef du gouvernement était à la manœuvre, samedi 14 mars au soir, expliquant en direct à trois chaînes de télévision le risque d’épidémie, sachant que le Maroc est sur le plan sanitaire encore au stade 1, bien que les mesures prises de fermeture générale puissent faire songer à des mesures de stade 2 ou même 3.
Maintenant, il nous appartient à nous, citoyens, de réagir à notre tour, avec raison, retenue, solidarité et discipline. Les Marocains ont déjà commencé et même si rien ne les ferait jamais renoncer à leur légendaire sens de l’humour, ils semblent avoir pris conscience du péril qui les guetterait… s’ils n’en prennent pas conscience.
Il nous appartient également de ne pas céder à la panique en dévalisant les supermarchés et en rivalisant de panique imbécile, en rapatriant nos enfants scolarisés ailleurs et en nous soustrayant à nos devoirs civiques, en colportant des fake news ou en démentant en geste réflexe la communication gouvernementale. Il nous appartient de nous montrer à la hauteur de la situation en dénonçant les spéculateurs et en ignorant les oiseaux de malheur. Il nous appartient, comme disent les Chinois, de nous comporter comme si nous étions contaminés en évitant le contact avec les autres, et comme si les autres l’étaient aussi, en nous éloignant d’eux.
Il nous appartient enfin de changer nos comportements sentimentalement exubérants et de limiter nos déplacements au strict nécessaire, de nous confiner chez nous et de garder nos enfants à la maison sans pour autant nous croire en vacances.
Le Maroc n’est pas en guerre, même si les mesures prises sont exceptionnelles. Il lutte avec ses moyens, avec intelligence, avec pudeur, et avec efficacité ; et même s’il ne nous a pas nécessairement habitués à être sérieux et efficace, constatons que l’action actuelle anti-pandémie du gouvernement est sérieuse et efficace.
Cette efficacité serait plus grande si nous y adhérons, si nous ne donnons crédit qu’aux communications gouvernementales et si nous adoptons un comportement… civilisé et non hystérique !
Aziz Boucetta
