(Billet 349) – Les Zonards 2ème classe ont découvert le remède : l’humour !
Le rire est le propre de l’homme, disait Rabelais… Peut-être, mais ce qui est sûr est que le rire est aussi une thérapie et atténue à ce titre bien des souffrances et que, terrassés et angoissés par ce confinement qui s’allonge et l’attente de liberté qui se prolonge, les gens préfèrent en rire. Cela fait maintenant près de trois mois que ces mêmes gens piaffent d’impatience et s’esclaffent de leurs malheurs. Et hier, avec la découverte du « zoning » gouvernemental, les Marocains se sont surpassés.
Il a été démontré que les émotions positives ont un rôle important pour un bon état de santé général. Elles jouent sur le moral, l’humeur et l’énergie et donc, a contrario, évacuent le stress et les angoisses. Après trois mois d’attente, et alors que tout le monde espérait une sortie intelligente et progressive du déconfinement, notre gouvernement a semble-t-il décidé de traquer le virus jusqu’au dernier. Il aurait même selon certaines indiscrétions proches du dossier que le gouvernement a pensé à créer le délit de « recel de virus » pour toute personne infectée et de « complicité de recel de virus » pour les cas contact. Renseignements pris, la personne à l’origine de cet article, qui était sous respiration superficielle, a repris ses esprits…
Alors, les Marocains ont découvert un antidote contre la mauvaise humeur, l’humour… Le phénomène est connu depuis Freud qui expliquait que « l’humour constitue un mécanisme de défense très élaboré qui permet au faiseur et à son auditeur de convertir l’énergie initialement destinée aux sentiments de déplaisir, rendus inutiles par le trait humoristique, en gain de plaisir ».
Et nos compatriotes s’en sont donnés à cœur-joie… dans la journée même, des dizaines de calembours et de bons mots, de plaisanterie et autres contrepèteries ont submergé les réseaux, plus drôles les unes que les autres et toujours grinçantes, donnant la pleine mesure du talent de nos compatriotes au rire et de leur propension à la dérision... pour masquer leur colère. Il faut dire que nous vivons ce qu’on peut appeler « un drôle de confinement », où le gouvernement veut que nous soyons actifs, mais cloîtrés, et où les populations sont dehors malgré le droit, la loi, les textes et les barrages.
Le mérite des Marocains est d’autant plus grand qu’aucun de nos ministres n’est connu pour faire s’écrouler des salles entières de rire. Qu’à cela ne tienne… on s’autosuffit et on rit de nous-mêmes, et c’est un déferlement de blagues sur la désormais fameuse zone 2, celle des reclus et des râleurs, celle du Maroc anciennement connu pour être « utile », celle du TGV qui va bien plus vite que la pensée de ceux qui nous gouvernent, celle qui fut le temple des malls avant que d’être stigmatisée de tous les maux…
Aujourd’hui, les Marocains, que la constitution déclare égaux, sont divisés en trois zones, et non deux, car il ne faut pas oublier les Marocains bloqués à l’étranger et débloqués au compte-goutte. Alors l’humour fleurit… On dit que « les gens de la zone 1 sont aussi punis que les autres car pour s’amuser ou s’encanailler, c’est dans la zone 2 qu’ils vont »… on dit aussi que « l’immigration clandestine entre zone 1 et zone 2 s’organise »… on dit encore que « les mariages blancs vont exploser entre les zones »…
Voici quelques années, l’ancien ministre de la Santé affirmait que près de la moitié des Marocains souffraient de troubles mentaux. Il était dès lors normal d’avoir un psychiatre à la tête du gouvernement, un psychiatre qui vient dire avec un sourire masqué qu’être reclus deux ou trois semaines de plus « ma dat ma jabet », avant d’enchaîner avec plusieurs couplets patriotiques tirés en rafale.
Le Maroc a 750 cas actifs, soit moins que le nombre de décès par jour de nations comme la France, l’Italie ou encore l’Espagne qui, elles, sont déjà dans la gestion de l’après-crise, alors que les Zonards 2 n’en finissent pas de parler doucement à leurs placards. Quand on vous disait que le gouvernement est bien décidé à traquer le virus jusqu’au dernier…
Aziz Boucetta
