(Billet 390) – La seconde vague… psychologique

Les gens ont les yeux rivés sur les chiffres et les statistiques, les nouvelles contaminations, les guérisons, les courbes ascendantes et le trouble qui va avec. Et c’est ce trouble qu’on a coutume d’oublier bien que nous ayons tant de raisons de le redouter, avant de le subir et d’en souffrir. Oh, nous avons bien notre gouvernement qui nous offre un spectacle drolatique, s’il n’était si pathétique, mais la seconde vague, psychologique, celle-ci, est bien là.
Les gens s’interrogent… les salariés en demi-solde ou presque sans solde se demandent de quoi sera fait leur avenir et quelles seront les politiques à venir de leurs employeurs, eux-mêmes plongés dans le doute. Des pans entiers de l’économie vacillent, tanguent… et aucun plan gouvernemental ne semble assez sérieux, documenté, prévisionnel et préventif pour y efficacement remédier.
Et aujourd’hui qu’ils n’ont toujours pas réglé ce problème existentiel de l’emploi et de la ressource, les parents ne savent pas trop que et quoi faire de leurs progénitures, leur dilemme étant douloureusement simple : soit exposer les enfants à un risque psychologique certain de désocialisation, soit à un risque sanitaire potentiel de contamination. Les risques du Covid et des poches vides ne se conjuguent que dans la peine.
Les malades sont dans le doute, redoutant l’exil de quinze jours dans les hôpitaux de campagne et les incertitudes de rigueur ; leurs proches souffrent en silence et protestent bruyamment face à l’insoutenable mutisme des autorités sanitaires, lesquelles multiplient les annonces inutiles et les défaillances structurelles.
Et les testés en attente de résultats… et les agriculteurs en attente de pluie ou d’un petit signe de compassion, un petit geste de subvention, une petite marque d’attention… et les pétitionnaires, ombrageux soient-ils ou institutionnels, institutionnalisés… et les amateurs de bonne chair dans de grands restos, les inconditionnels de la dive dans de bons tripots…
Les femmes en situations de plus en plus difficiles, bafouées voire baffées, submergées par leurs enfants en début d’année scolaire et par leurs conjoints en situation précaire…
Tout ce monde, et la liste n’est pas exhaustive, s’interroge et attend des réponses, des signes que les gouvernants tardent à apporter, par ignorance, par indifférence, par négligence, ou inconscience. Et pourtant, le Maroc, disons-le, est grand par ses capacités, comme il l’a déjà prouvé de mars à juin, et par l’ordre qui y règne.
Nous sommes à la rentrée, les rentrées à tous les niveaux, mais c’est cette incertitude, ce silence qui gênent… Il y a plus grave que la seconde vague de contaminations, c’est la seconde vague psychologique, la première ayant été globalement bien gérée et assimilée par les populations qui, angoissées, se sentaient protégées par un Etat actif et réactif, voire même proactif.
Aujourd’hui, plus préoccupant que le virus, plus anxiogène que le Covid, la peur du vide !
Aziz Boucetta