(Billet 435) – La guerre (ga)ratée du Polisario

(Billet 435) – La guerre (ga)ratée du Polisario

Voilà, donc, un groupe de personnes voulant absolument créer un Etat dans la région, ce qui serait de leur plein droit si le territoire concerné n’appartenait à un Etat souverain, le Maroc en l’occurrence qui, en toute logique, refuse de céder le moindre pouce de son territoire. Le Polisario insiste, l’Algérie persistant à l’aider et à le soutenir, et voilà que, en toute inconscience, il engage tout simplement une guerre… Raté !

Depuis 45 ans, le royaume investit lourdement dans la région et ses cadres et entreprises s’y investissent massivement, et c’est ce qui a énervé le Polisario, qui voit le recul de ses soutiens et entrevoit la fin de son « rêve ». En 2015, le roi Mohammed VI avait accéléré la cadence, annonçant un programme d’investissements pharaonique, pour la modique somme de 8 milliards de dollars ! Et, on le sait, quand un Etat mobilise autant d’argent pour une région, c’est qu’il est vraiment convaincu d’être dans son bon droit.

En 2017, c’est un Polisario coléreux qui s’installe non loin de Guergarate, perturbe et entrave la circulation routière. Le Maroc dénonce, et l’ONU renonce à faire appliquer le droit.

En 2019, le Polisario réédite son acte en essayant de bloquer encore le passage, le Maroc dénonce encore, et l’ONU fronce un sourcil, et passe à autre chose… En Algérie, cette même année, le Hirak bat son plein, Abdelaziz Bouteflika s’en va et, quelques mois après, le chef de l’armée Ahmed Gaïd Salah décède.

En 2020, Gaïd Salah est remplacé par un général du nom de Saïd Chengriha, celui-là même qui avait qualifié en 2017 le Maroc d’ « ennemi ». Le Hirak se poursuit, même avec la crise sanitaire, et en octobre, le président Abdelmajid Tebboune disparaît corps et âme en Allemagne, pour raisons de santé, où il se trouve toujours.

Le Polisario, en quête d’existence et en mal de reconnaissance, revient alors à Guergarate fin octobre 2020, avec ses miliciens, en tenue militaire ou en civil. Le roi Mohammed VI prononce le 6 novembre un discours où il rappelle le son sens et appelle à la sagesse, ajoutant ceci : « C’est avec la dernière vigueur et la plus grande fermeté (que le Maroc) s’opposera aux abus cherchant à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de ses Provinces du Sud ». Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita durcit le ton, qualifie les Polisariens de bandits, et exhorte l’ONU à faire son travail.

Le Polisario insiste et s’incruste, interdisant le passage frontière entre Maroc et Mauritanie, et bloque 200 camions… Le 13 novembre, les FAR interviennent, dégagent la voie et… fait rarissime, communiquent : « « Cette opération non offensive et sans aucune intention belliqueuse se déroule selon des règles d’engagement claires, prescrivant d’éviter tout contact avec des personnes civiles et de ne recourir à l’usage des armes qu’en cas de légitime défense ». Pendant ce temps-là, que fait la mission d’observation de la Minurso ? Elle observe, restant sur sa réserve.

Le Polisario annonce alors « officiellement » la reprise des hostilités et dit avoir lancé une attaque au nord du mur, en territoire marocain, à quelques dizaines de kilomètres de Tindouf. Les FAR ripostent et repoussent les milices du Polisario qui poussent des cris de victoire en fuyant.

Cela va mal finir, si l’ONU ne remplit pas son rôle, effectivement. 45 années durant, le Conseil de Sécurité, les « amis » du Maroc, les grandes puissances, occidentales soient-elles ou non, ont joué l’équilibre dans le déséquilibre (ou inversement), maniant avec une remarquable dextérité le chaud et le froid, tirant profit des erreurs diplomatiques commises ici et là, par l’une ou l’autre des parties, qui sont au nombre de deux : l’Algérie et le Maroc. Ce dernier a opté pour la politique de la sagesse et du bon sens. Erreur !... Dans ce monde fait de violence, de rouerie, de fourberie et de coups bas, cette politique « raisonnable » peut être prise pour de la faiblesse ; le concept de « ould nass » ne figure pas dans la théorie géopolitique. Le royaume devrait se montrer plus offensif, agressif même, et la posture agressive et cassante de M. Nasser Bourita est légitime et appropriée ; « un pays peut être respecté et craint, sans pour autant être haï », aurait pu dire Machiavel.

Il est temps que la « communauté internationale » cesse son jeu et mesure les véritables enjeux d’une flambée dans la région, qui ne serait bénéfique pour personne. La situation politique délétère en Algérie et les gesticulations militaires du Polisario sont dangereuses pour la paix dans la zone ouest-méditerranéenne. Il est très difficile de retenir une armée normale qui essuie des tirs… et les FAR sont une armée normale qui a essuyé des tirs, et qui doit donc "nettoyer" autour d'elle.

Aziz Boucetta

 



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