(Billet 1158) – A défaut de battre Mostafa Terrab, alors il faut l’abattre !

(Billet 1158) – A défaut de battre Mostafa Terrab, alors il faut l’abattre !

Il se passe des choses étranges dans le bon royaume du Maroc, étranges et inexplicables par Dame Raison ou par tout autre esprit clair et éclairé. Il n’existe pas ici un nombre incalculable de domaines à succès incontestable, mais cela n’empêche absolument pas les attaques ad hominem (une expression qui fait florès chez nous depuis quelque temps), ni les analystes en tous genres d’analyser toutes choses, jusques-y compris celles qui échappent à leur compréhension. En effet, pourquoi s’en prendre avec virulence, concertation et coordination, à un homme comme Mostafa Terrab, le patron du Groupe OCP ?

Certains articles publiés ces dernières semaines forment un tir groupé, tellement nourri qu’il en devient obèse, et que l’on se pose des questions. Un peu naïves, certes, mais des questions qui méritent d’être posées : Pourquoi cet homme ? Pourquoi maintenant ? La réponse à la première question semble évidente : on critique Mostafa Terrab comme on critiquerait n’importe quel dirigeant d’entreprise publique, surtout une entreprise publique qui réussit mais qui a beaucoup de zones d’ombre. Pourquoi les zones d’ombre ? Parce qu’il s’agit d’un fleuron de l’industrie nationale, que tout ne doit ni ne peut en être divulgué, et aussi car l’espionnage industriel existe et avec lui la volonté étrangère de contrôler ou de connaître l’entreprise installée sur les ¾ des réserves mondiales de phosphates.

Alors un jour, comme cela, sans que rien ne le laisse prévoir, des articles concentrés sur OCP et son président paraissent sur des dérives et des dépassements, des investissements éparpillés et un écart considérable avec le cœur de métier du groupe. Soit. Mais l’intérêt de ces articles est ailleurs, avec leurs titres soigneusement choisis pour frapper l’imagination et retenir l’attention ; la propension des Marocains à s’informer, même par la désinformation, fait le reste. On transfère compulsivement les messages Whatsapp, on s’échange les points d’interrogation, parfois d’exclamation, toujours dans une sorte d’incompréhension ; et on se passe des coups de fil intéressés, à la recherche d’infos, avec toujours cette question : « Que se passe-t-il » ? « Pourquoi attaque-t-on tant et autant Terrab ? »… Dans notre réalité très marocaine, très ancienne, très mystérieuse, nous avons cette faculté de donner de l’info au compte-gouttes, ou de tester au moyen de ballons d’essais jetés ici et là.

Qu’a donc fait Mostafa Terrab de si répréhensible pour être le « héros » de ces articles alors que la Cour des comptes ne s’est pas prononcée, que le parlement n’a rien dit, que les inspecteurs des finances et tous les services de l’Etat n’ont rien vu ? Ou tous ces gens sont complices, ou ils sont incompétents ou, plus simplement, il n’y a rien, d’où la question, pourquoi alors ces articles ? Que lui reproche-t-on ?

L’argent public dilapidé dans des dépenses somptuaires pour des installations somptueuses, vous savez, le fameux « flouss cha3b »… Oui, peut-être, pour l’université UM6P, qui accueille pourtant tant et tant de ces « oulad che3b », au Lydex et/ou à l’université… oui, peut-être aussi, dans les écoles 1337 et YouCode, qui forment des jeunes lesquels, plus tard, performent et bousculent toutes les normes… oui, dans l’engrais, où le Maroc n’est que le 5ème au monde, derrière la Russie, la Chine, le Canada et les Etats-Unis… oui, au Policy Center for the New South, qui a enrichi nos alliances et notre influence, nos amis et nos acquis, qui a acquis des amitiés jusque-là impensables, qui servent les intérêts du pays à partir des leurs… oui, pour le dessalement, mais allez dire cela à des populations en stress hydrique qui, désormais, déstressent… Ah, peut-être oui, on y pense, l’hydrogène vert… enfin, un peu de tout cela. Sauf que tout cela est bon pour le Maroc, son positionnement, ses diverses souverainetés, le retour de la confiance. Et « nya » fera le reste.

Il est vrai qu’OCP est sorti de son domaine d’expertise traditionnel, mais pas pour aller et foncer dans l’inconnu comme on le dit aussi ouvertement qu’inconsidérément ; le Groupe a d’abord acquis de nouvelles expertises, avant de s’y lancer. Dans le dessalement, dans l’hydrogène vert, des projets qui sont sur les rails depuis des années, certains ayant été présentés devant le chef de l’Etat, en présence de la totalité des ministres, tous venus pour l’occasion… alors, pourquoi s’étonne-t-on maintenant de ce qu’on sait depuis longtemps ? Ces projets sont-ils tous sortis de terre la semaine dernière, le mois dernier ?... Un journaliste, à la condition qu’il soit talentueux, ne peut occulter cela, en principe… Peut-être alors est-ce le data center qui dérange la possible concurrence, laquelle refuserait en toute logique un nouvel arrivant dans son secteur, peut-être…

Mais quel est l’intérêt de vouloir fragiliser un groupe qui, qu’on le veuille ou non, est une locomotive industrielle et économique nationale ? Quel est l’objectif derrière ces articles à charge contre Mostafa Terrab, car ils sont dirigés contre lui et non contre le groupe qu’il dirige ? Ciblé par les Etats-Unis qui craignent, eux, la concurrence de ce dernier, ou par l’Union européenne, qui appréhende ses progrès et son arrivée sur son territoire à travers d’autres structures, voilà aujourd’hui qu’OCP est l’objet d’une offensive interne.

Pourquoi feindre de s’offusquer de la longévité de Mostafa Terrab alors qu’il n’est pas le seul dans cette situation (Bank al-Maghrib, ONCF, HCP et Maroc Telecom jusqu’à récemment…) ? Pourquoi changer des équipes qui gagnent ? Nous sommes en monarchie et le temps long est un concept qui ne peut être compris que dans une monarchie et celles et ceux qui en comprennent le fonctionnement.

On veut développer ce pays, dit-on, mais quand il y a des gens qui y travaillent, alors on leur tire dessus. On ne fait rien de mieux, on ne propose rien de plus, mais on les flingue. Il est vrai qu’il a toujours été plus facile de démolir que de construire. Oui, OCP est une locomotive, elle draine et entraîne, elle forme et recrute, elle innove et prospecte, elle ose et propose. OCP fait peur à l’extérieur, doit-on accepter que l’intérieur aussi la craigne ? Il n’y a aucune raison, et le mieux qu’on puisse faire est de laisser faire les décideurs sans user de certaines formes d’influence…

Il existe au Maroc une loi organique qui porte le numéro 02-12, et qui édicte que certains hauts, très hauts responsables sont nommés par dahir, en Conseil de ministres, après délibération. Les choses sont ainsi et le demeureront, et rien ni personne, grandes manœuvres ou basses œuvres, n’y changeront rien.

Aziz Boucetta



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