(Billet 19) - Des politiques qui ne disent rien, ou bien n’importe quoi…

(Billet 19) - Des politiques qui ne disent rien, ou bien n’importe quoi…

Nos politiques parlent peu, et c’est mieux ainsi, car ils ne savent pas ; Abdelilah Benkirane parle très bien, mais il parle moins et c’est très bien aussi, car il parlait trop. Or, s’exprimer, c’est comme gérer, cela s’apprend… et nos dirigeants seraient inspirés de prendre des coachs, ou des cours, ou les deux. Ou continuer de se taire.

En ces temps reculés que les jeunes de moins de trente ans ne peuvent pas connaître, le parlement n’était pas plus utile qu’aujourd’hui, mais Dieu qu’ils causaient bien alors, les élus et chefs politiques. Des discours aux mots détachés d’Ali Yata aux grandes harangues postillonnantes de Moulay Mhamed Khalifa, en passant par les envolées idéologiques de Fathallah Oualalou ou encore les doux et fermes sermons de Bensaïd Aït Idder… le parlement ressemblait alors à un parlement, dans la forme du moins.

En face, il y avait des ministres, et quels ministres !! Le tonitruant Moulay Ahmed Alaoui ou le fourbe Driss Basri, le taiseux Abdellatif Filali ou le flamboyant Mahjoubi Aherdane... Les séances étaient diffusées à la télé, que peu regardaient mais qui régalait ceux qui regardaient. Et tout cela allait car le public avait (encore) du goût, face à des politiques qui avaient (un certain) bagout. On construisait alors l’Etat et les exigences n’étaient pas insurmontables, même si elles étaient rarement surmontées.

Aujourd’hui, les choses ont changé. Les gens sont aussi exigeants que les politiques paraissent indigents. La demande politique en ce monde mondialisé est infiniment plus élevée que naguère, mais en face, l’offre politique est souffreteuse. Les ministres et autres chefs politiques ne disent rien ou bien n’importe quoi, incapables de comprendre le peuple, qui s’énerve, et donne libre cours à sa verve.

Faire de la politique requiert un préalable : connaître le peuple. En général, dans une démocratie normale, les dirigeants parlent entre autres au peuple ; ici, dans nos riantes contrées, ils parlent entre eux du peuple. Et quand, d’aventure, ils claironnent un quelconque couplet patriotique, ils sont aussi fatigants qu’un remords. Alors…

… Il serait tellement bon qu’un jour prochain, on en voit certains daigner comprendre que personne ne les comprend quand il leur arrive de causer. Qu’ils prennent donc un coach qui leur apprendrait gentiment – patiemment même au besoin - comment adapter leur prise de parole à leur environnement, comment user de leur gestuelle et doser leur voix. Et surtout comment ne plus prendre les citoyens (éventuellement) électeurs pour les idiots qu’ils ne sont pas.

Aziz Boucetta

 



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