(Billet 20) - La démocratie commence au feu rouge…

Et ce n’est pas tout à fait faux… Comment en effet relever les défis politiques, démocratiques, éthiques, quand on est pathologiquement incapable de respecter les règles les plus élémentaires de la circulation, et même de la morale ? C’est là qu’il faut agir et se concentrer, tant pour le civisme que contre l’hécatombe (70.000 morts et 200.000 mutilés permanents en 20 ans, quand même…).
Dans l’intervalle, elle se passe son rouge à lèvres au feu… il sirote son café chaud et son croissant croustillant au volant… on stationne en double ou triple position n’importe, n’importe quand, n’importe comment. On fait la course sur la route et on abandonne sa voiture sur la voie pour faire ses courses. On se joue des règles de conduite et un nombre croissant de jeunes hommes « bien nés » taquinent le Mach 1 dans leurs bolides achetés à prix d’or. Fin observateur, Rousseau disait qu’ « on a tout avec de l'argent hormis des mœurs et des citoyens »…
Il est des pays heureux où la signalisation routière est impérative, et d’autres, moins civilisés, où elle n’est qu’indicative… et il existe une « 3ème catégorie », la nôtre, où cette signalisation est décorative, facultative et où la conduite sur route est létale et dépressive. Quelques chiffres : 3.800 morts par an au Maroc pour 4 millions de véhicules, 3.250 en France pour 10 fois plus de véhicules !
Le Code de la route avait été largement et correctement revu en 2010, mais aujourd’hui, il est déjà dépassé… En effet, puisque les morts sont plus nombreux, c’est que les sanctions, bien qu’aggravées, ne sont pas suffisantes. Dame justice doit se montrer plus ferme, car tout le monde est concerné, consterné, et un drame peut frapper n’importe qui. Quant au gouvernement, de déclarations asthmatiques en solutions hypothétiques, il manie l’efficacité avec modération…
Les pays occidentaux, et quelques autres, où la sécurité règne sur les routes, sont passés par l’approche éducative, puis la rigueur administrative et enfin la sévérité judiciaire. L’éducation étant lente, et l’administration brinquebalante, allons donc vers un resserrement des règles et des sanctions.
Pour freiner l’hémorragie routière, au propre et au figuré, il faut oser enfermer longtemps ceux qui tuent sur les routes, tous… quel que soit leur âge, pouvoir d’achat ou extraction sociale. Il faut savoir mettre des véhicules en fourrière, pour de longues périodes.
C’est avec une politique impitoyable qu’aux yeux de tous, l’espace public sera plus et mieux respecté. La vie et la sécurité des Marocains le valent bien.
Aziz Boucetta