(Billet 24) - Le H1N1 entre rumeur, mauvaise humeur et hurleurs

(Billet 24) - Le H1N1 entre rumeur, mauvaise humeur et hurleurs

Il y a vraiment un mal-être dans la société marocaine… Tout est prétexte pour dénigrer, au mieux, insulter, au pire. En principe, entre la prise d’une décision gouvernementale et une colère populaire, il y a une étape nécessaire, le débat social. Ici, point. On s’énerve, on s’érige en redresseur de torts, et on hurle à la mort… cela s’est produit pour le service militaire, puis pour GMT+1, et aujourd’hui pour le H1N1. Et pourtant…

Une femme enceinte est décédée lundi 28 janvier, des suites de complications du virus H1N1. Le fœtus est mort le lendemain. D’autres décès ont suivi dans les 48 heures. Ce jeudi 31 janvier, avant l’annonce des 5 morts (tous sujets à risques), gouvernement et médias ont pris les choses en main, 2 jours après le 1er décès…  La communication gouvernementale est certes balbutiante, mais pour l’instant, c’est l’action qui importe…

Toutefois, en pareils cas, la communication garde son importance face à une infection, pas si grave, et des solutions, pas si mauvaises car les gens, définitivement hostiles au gouvernement, se précipitent sur les réseaux sociaux, se nourrissent de ce qui s’y dit et s’abreuvent de ce qui s’y écrit, puis s’en font une religion : les Marocains sont en danger, nos enfants sont en péril, les ministres sont en apnée. Les nouveaux leaders d’opinion à la morale difficile montent à l’assaut (ils se reconnaîtront), leur quart d’heure de gloire est assuré.

Or, une fois sur le web, personne ne pense à se renseigner… La grippe saisonnière, ce sont 650.000 morts dans le monde par an. Et comme ce n’est pas médiatisé, personne ne s’en soucie, au Maroc compris… Mais au Maroc surtout, à la survenue du H1N1, la désinformation fait rage. Que reproche-t-on au gouvernement, en réalité ? D’être indifférent et incompétent. Eh bien, pour cette fois, c’est faux !

Entre analyses dans les hôpitaux et instituts, interventions du ministre, et couverture médiatique intense avec spécialistes sur le pont, l’affaire H1N1 est plutôt bien gérée, et les traitements sont là… Que peut faire de plus le gouvernement ? Soyons cyniques : Pour qu’une épidémie se déclare, il doit y avoir des morts. Le gouvernement a réagi au 1er cas, il ne peut faire mieux… Et soyons honnêtes, si chaque année, il achetait de pleines cargaisons de vaccins anti-H1N1, on aurait crié à la gabegie !

Anas Doukkali ne brille peut-être pas au gouvernement, et il est plutôt sobre comme le bon haut-fonctionnaire qu’il fut, mais bien que chouiya maladroit, il fait le job, à sa manière, discrète… Dans l’intervalle, la rumeur sonne la mauvaise humeur et tonne comme une épaisse tumeur.

Aziz Boucetta

 

 

 



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