(Billet 35) - Au Maroc, il y a ceux qui comprennent, et ceux qui prennent…

(Billet 35) - Au Maroc, il y a ceux qui comprennent, et ceux qui prennent…

« Je suis riche, il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point l’afflux de la monnaie »… c’est semble-t-il la leçon à tirer de cette nouvelle pratique de Marocains aisés, très aisés même, mais reconnaissants à leur pays. Et quand ces Marocains sont des femmes, la symbolique est d’autant plus significative. Les hommes héritent plus que les femmes, mais les femmes distribuent plus que les hommes… cherchez l’erreur.

Elles s’appellent Fatima à Oujda, Amal à Temara, Najia à Settat… Elles ont choisi de construire des écoles sur leurs deniers propres, « au lieu de mosquées, omniprésentes, même si on peut prier partout, alors qu’on ne peut étudier qu’à l’école », explique Najia (photo), qui précise que « Sidna insiste sur l’école, alors allons-y ». C’est le germe de ce nouveau modèle de développement économique, que tout le monde attend, mais que personne ne semble vouloir initier… L’école.

Aux Etats-Unis, Warren Buffet, Bill Gates et une centaine de milliardaires sont à l’origine du Giving Pledge, ou la promesse de faire des dons, partant de la décision de rendre aujourd’hui à leur pays les faveurs qu’il leur a hier accordées. En France, suite aux Gilets jaunes, une quinzaine de patrons du CAC 40 se sont engagés à casser leur tirelire pour fracasser les inégalités. Et au Maroc ? Le néant, ou à la rigueur quelques donations asthmatiques… Pourtant, agir en citoyen, être civique et montrer de l’altruisme ne doit pas être si rude que ça… Pour qui veut… Mais qui veut ?!

La CGEM de M. Mezouar est aux abonnés absents, attendant que d’autres fassent le job. Les cercles de milliardaires, connus et qui se reconnaîtront, se sont barricadés, gonflant d’effroi leurs petits muscles et attendant avec angoisse que la tempête passe. Les corps professionnels refusent de payer l’impôt, vitupèrent et croisent le fer contre qui ose le leur demander et les banques font du mécénat de salon… Le Maroc est riche de ses anonymes et pauvre de ses riches.

Les temps changent, la société mue, Mohammed VI aussi… mais les élites non, les riches encore moins, la ploutocratie certainement pas. Marx parlait d’accumulation primitive du capital. N’ayant rien compris, nos capitalistes restent toujours aussi primitifs, plaçant leurs gains dans la terre ou les planquant sur d’autres terres.

Et pourtant, si chacun de nos fleurons locaux, immobiliers, pétroliers, banquiers, usuriers et autres financiers, mettaient parfois un petit milliard ou deux, qui dans une école, qui dans un hôpital, qui ailleurs… le Maroc en serait transfiguré. L’activisme ploutocratique, c’est bien, le volontarisme mécénique, c’est mieux… Après tout, mécène et محسن ne s’épousent-ils pas ?...

Aziz Boucetta

 



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