(Billet 37) – Le Conseil de la concurrence carbure, mais attention à la cale…

(Billet 37) – Le Conseil de la concurrence carbure, mais attention à la cale…

Driss Guerraoui est un universitaire réputé dans le royaume, et un peu aussi au-delà. Lahcen Daoudi est aussi universitaire réputé, ancien député et actuel ministre. Les deux sont amis, mais les voilà aujourd’hui sur un tatami… car bien que le premier soit professeur d’économie générale et le second ministre des Affaires générales, c’est un cas particulier qui a fait jaillir des étincelles entre eux…

… Situation fort dangereuse car ces étincelles éclatent pas très loin d’immenses cuves de carburant ! Et de fait, le boycott d’Afriquia lors de la saison des fleurs avait fait sauter le couvercle, et le débat parlementaire au moment où tombent les feuillages avait presque fait exploser la marmite politique du pays. Un véritable séisme était passé juste à côté de nous, et ses ondes de propagation avaient secoué le paisible royaume…

Désigné président du Conseil de la Concurrence, Driss Guerraoui a alors lancé la machine institutionnelle dans un pays qui avait un peu oublié les institutions pour basculer dans les tensions et les élucubrations… M. Guerraoui a très vite, trop vite, carburé et rouvert le dossier des distributeurs, répondant avec énervement au gouvernement qui lui avait gentiment demandé si c’était bien, ou mal, de plafonner les marges des distributeurs.

M. Guerraoui se met donc à guerroyer… Il brandit sa hallebarde, heaume au crâne et arguments-massues en piqué. Non, il ne faut plafonner les marges puis plastronner, oui il faut restructurer… non, il ne faut pas abandonner la Samir, oui il est salutaire d’investir. M. Daoudi gronde. Pendant ce temps-là, le populo paie et refuse qu’on se paie sa tête. Pour l’instant, il compte les points et serre la ceinture, mais il serre aussi les poings pour le futur, sait-on jamais…

Cette affaire de gros sous se trame à quatre… l’Etat et les pétroliers jouent les Picsou, le Conseil fait de l’économie générale (et libérale), et les consommateurs passent à la caisse. L’Etat jure ses grands dieux qu’il ne peut réduire ses taxes, les distributeurs jurent sur leurs cuves qu’ils sont réglos et même qu’ils sont dévastés d’amour pour leurs clients, lesquels jurent tout court. Et paient.

Le travail d’une entreprise est de gagner de l’argent, et celui de l’Etat est de gérer celui de la communauté. Il n’appartient pas plus aux pétroliers de réclamer le retour de la subvention qu’à l’Etat de les freiner dans leur développement. C’est lui qui doit céder sur ses taxes, et trouver le manque ailleurs. Cela s’appelle faire de la politique, et la politique, c’est oser : Les citadins paient leurs impôts et les taxes pétrolières, les ruraux ne paient que ces taxes mais pas d’impôts et les compagnies peuvent payer plus d'impôts.  Oser, donc, la justice fiscale… ou attendre la cale.

Aziz Boucetta

 

 

 

 

 

 



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