(Billet 40) – Non, les Algériens ne sont pas nos frères…

(Billet 40) – Non, les Algériens ne sont pas nos frères…

… Mais ils sont, ou devraient être, nos amis ! Ne dit-on pas en effet qu’on choisit ses amis, pas sa famille ? Pourquoi parle-t-on des Algériens comme nos frères et des Espagnols et Français comme nos amis ? La langue ? La religion ? L’histoire et les frontières communes ? Un peu tout à la fois, mais malgré cela, mieux vaut être amis que frères.

Une amitié est généralement raisonnée, parfois ardente, mais réfléchie. La fraternité, au-delà du slogan aussi facile que réchauffé et inlassablement ressassé, est toujours passionnée ; et quand la passion envahit une relation, la nécessaire raison en sort. Or, ce qui est valable pour l’individu est transposable aux Etats. Les pays frères sont souvent frères ennemis et à l’inverse, souvent les pays amis fraternisent.

Avec ses amis, le Maroc travaille, commerce, échange, prospère… avec ses frères, il en va autrement… avec Alger, ça va mal… avec Le Caire, ça pourrait aller mal… avec Nouakchott, ça ne va pas très bien… et avec Ryad, le mal n’est pas encore devant, mais le bien est très certainement derrière.

Quant à la Ligue arabe, ce n’est même pas un « machin » ! Les Arabes semblent y tenir, pour raisons les concernant, mais le Maroc serait inspiré de faire cavalier seul, quêtant son intérêt là où il se trouve. Il faut donc élargir, et basculer de la fraternité exaltée et souvent improductive à l’amitié, plus sereine, plus prometteuse. Choisie.

En Algérie, les chefs prennent l’histoire à contresens, avançant les yeux rivés sur le passé. Personne ne renie cette histoire, certes glorieuse, mais désormais engloutie par le temps, confinée dans les manuels d’histoire. Aujourd’hui, les jeunes d’Algérie regardent vers l’avenir. Nous autres Marocains aussi… Peut-être pourrions-nous regarder dans la même direction et donner à notre histoire à venir un sens…

Le roi Mohammed VI a compris cette donne… Il a subrepticement, par à-coups, bouleversé les alliances traditionnelles du royaume, s’éloignant peu à peu des Arabes, faux frères, trouvant d’autres alliés, futurs amis, et tendant soudainement la main, amicalement, aux Algériens, pour « examiner toutes les questions bilatérales, avec franchise, objectivité, sincérité et bonne foi, sans conditions ni exceptions, selon un agenda ouvert ». Que nos amis Algériens qui contestent aujourd’hui, dans la rue, le pouvoir militaire, se souviennent un jour prochain de cette main tendue. Elle est porteuse de prospérité.

L’Europe, notre premier partenaire économique à tous les deux, est aujourd’hui affaiblie et de moins en moins unie ; ne restons pas séparés, et donc faibles, face à elle ! Notre force est dans notre union... Ce serait là la raison, même s’il faudra batailler contre les réseaux…

Aziz Boucetta



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