(Billet 41) - Les 3 « ni » du RNI

(Billet 41) - Les 3 « ni » du RNI

Ça commence tôt cette fois… Après l’Istiqlal, c’est le RNI qui démarre ce qui ressemble à s’y méprendre à une campagne électorale chouiya avant l’heure. Les petits plats dans les grands et les grands principes à la place de la petite politique... voilà, en somme, le message d’Aziz Akhannouch au bon peuple de Dakhla, venu en masse écouter sa bonne parole.

Et le président d’y aller franco, reprenant sa posture et son armure de bulldozer, après une année 2018 où il a un peu marqué le pas, pour diverses raisons. Dans son discours aussi enflammé que passionné, M. Akhannouch a montré qu’il pense que les comptes sont fait pour être réglés… avec l’Istiqlal d’abord, dont le chef Nizar Baraka s’est lui-même mordu la langue, en arabe… et avec le PJD aussi, royalement recadré pour avoir voulu endosser les grands projets sociaux du pays.

Comme à son habitude, Aziz Akhannouch fut incisif, offensif, voire agressif. Mais cela ne suffit pas pour obtenir un parti politique réussi, du moins selon les critères introduits par l’historien britannique Ian Kershaw : un chef, une communauté charismatique, un projet fédérateur et un adversaire commun. C’est en réunissant ces quatre éléments que le RNI sortira enfin, peut-être, de sa tenace vocation de parti d’appoint, pour laquelle il fut créé et à laquelle il a toujours fait honneur !

Or, si le chef Akhannouch est certes incontesté, la communauté charismatique lui fait cruellement défaut, car hormis le très expérimenté et disert Rachid Talbi Alami, les autres dirigeants sont plutôt taiseux. Pour l’adversaire, le RNI a le choix… mais il doit le faire, clairement et sans se disperser. Enfin, le projet fédérateur reste vraiment à définir : « emploi, santé et éducation » ne sont que les composants d’un programme global, mais ils ne forment pas un projet politique intégré… pas plus que de se réclamer du Roi, bien au-dessus de toute équation politique.

Le slogan « المعقول » (le sérieux) est-il le concept fédérateur du RNI ? L’expertise économique est-elle son élément mobilisateur ? Sans doute, mais cela ne suffit pas… et quand il dénonce systématiquement le PJD et qu’il attaque mécaniquement l’Istiqlal, le RNI se retrouve dans une position du ni-ni, peu vendeuse dans la réalité politique actuelle. De plus, en ignorant le PAM, c’est un triple ni qu’il lui faudra imposer. Difficile… et ce n’est pas avec l’UC et le MP, dont l’ampleur est incomprise, qu’il fera la différence, malgré ses 120.000 adhérents encartés déclarés…

Le RNI dispose d’une réelle expertise, et il avance à grands pas sur le terrain politique, mais pour vaincre, il faut d’abord convaincre, et pour convaincre, il faut vaincre les résistances à l’agrégation des deux partis « modernistes »… car les mêmes causes engendrent, on le sait, les mêmes effets. Même en bricolant la constitution.

Aziz Boucetta

 



Articles Similaires



Les plus populaires de la semaine

Vidéos de la semaine




Newsletters