(Billet 59) – Francophonie, philie ou phobie ?…

La Francophonie, radieuse, est heureuse de vous annoncer que nous sommes 300 millions d’individus francophones, et que le français est la 5ème langue dans le monde (applaudissements). Des chiffres éloquents comme seuls les chiffres savent l’être, et triturés comme seuls les hommes savent le faire, et s’en accommoder. Soit donc, mais c’est là que la francophonie devient Frankenstein…
En effet, quand la politique est entrée dans la francophonie, le français en est sorti… car c’est sur une idée lumineuse et un peu illuminée du Premier Français Monsieur Emmanuel Macron qu’une anglophone, diplômée d’anglais et mariée à un Américain, fut élue à la tête de la Francophonie. Avant elle, pourtant, c’était une Amazone de la francophonie qui était là, en l’occurrence la Canadienne Michaëlle Jean, francophone et mariée, elle, à un philosophe français. Bravo, M. Macron !
Continuons… Au Maroc, on nous dit que 35% de la population cause en français, soit 12,5 millions de gens de chez nous qui s’expriment dans la langue dite de Molière, mais aussi de Lamartine, Hugo, Rabelais, Courteline... Fichtre, tant que ça ?! Et pourtant, connaissant notre système d’enseignement, le français local relève moins de celui de Fabrice Lucchini et René Char que de celui de Frank Ribéry et Joey Starr.
Résumons… une Francophonie avec une patronne anglophone, limite francophobe, et des francophones malgré eux… On continue. Quels sont les réseaux et outils de diffusion de la langue française dans le monde ? Réponse audacieuse et intrépide de la Francophonie (2018) : « Le Réseau des établissements français ou homologués par la France à l’étranger (AEFE et Mlf) offre des enseignements en français destinés aux élèves nationaux et d’autres nationalités qui souhaitent suivre une scolarité en français ». Souhaitent ? Vraiment ? Des tests d’entrée inspirés de la Muraille de Chine, des frais de scolarité évoquant des coups de poing américains et des patrons (et matrones) d’établissements agissant comme des proconsuls notalgiques d'une ère hélas révolue… Pour la grandeur du français. On a connu une France plus intelligente, mais ça, c’était avant…
Non, amis Français, la Francophonie va mal, de mal en pis, pire qu’avant, avec l’aventurisme de M. Macron qui déploie des trésors d’imachination inconsciente pour transformer la francophilie francophone passée en francophobie rampante future. Et c’est très fâcheux pour cette langue qu’on aime et pour cette nation qu’on apprécie.
Aziz Boucetta