(Billet 60) – A Genève, une table ronde pour mieux tourner en rond...

Quand une table ronde se tient avec des esprits carrés, il ne faut raisonnablement pas en attendre des résultats saisissants… Et c’est ce qui semble s’être produit à Vaud, pas loin de Genève, pour cette 2nde table ronde sur le Sahara, que personne n’attendait vraiment, à l’inverse de la première, tenue en décembre. Et pour cause…
L’Algérie est en apnée institutionnelle et par effet mécanique, le Polisario l’est aussi. Quand le palais d’el Mouradia tousse, les types de Tindouf s’enrhument. Or, M. Bouteflika a (bien) plus qu’un rhume et ses glaires bouchent les bronches déjà ensablées de Brahim Ghali et de ses commensaux. Quant à la Mauritanie, force est de constater qu’elle s’en fout un peu de cette histoire … Reste le Maroc comme dernière partie... Soucieux de montrer son sérieux, il dépêche à Genève l’austère Nasser Bourita, le regard sévère et le propos acerbe, tout à fait disposé à en découdre…
Mais qu’en est-il de l’honnête M. Horst Kohler ? Lui, il est Allemand, donc sérieux, et ancien chef d'Etat, donc crédible. Il a dû comprendre qu’il n’y avait rien à tirer d’un Polisario désemparé et peu à espérer du troublant M. Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères et aussi vice-premier ministre d’un gouvernement à l’effectif réduit à deux ; lui-même et son premier ministre… car personne ne veut les y rejoindre, depuis trois semaines déjà. Qui, que représente donc M. Lamamra, cet homme froid comme une San Miguel ? M. Kohler est trop poli pour le lui avoir demandé, mais il sait... Contrairement à son facétieux prédécesseur Abdelkader Messahel, l’homme au physique difficile qui était « venu rigoler », le rigide du dogme M. Lamamra n’a pas le rire facile ni même l’envie de rire, mais sa présence à Vaud montre ses vraies priorités… qui sont de soutenir mordicus, coûte que coûte, la RASD. Cinq millions d’Algériens dans les rues peuvent bien patienter chouiya !
Que faire, alors ? Organiser une table ronde pour tourner en rond, et attendre. Quoi ? Que ces cinq millions d’Algériens dégagent ceux qui doivent l’être, balaient les impuretés, puis mettent en place des gens réellement soucieux du bien-être de leur pays, qui ne peut passer que par celui de la région. C’est comme ça, pas autrement, et il faut le dire.
Une fois cela accompli, Marocains et Algériens pourront enfin discuter et le Polisario n’aura plus qu’à se dissiper comme un mirage du désert, pendant que la Mauritanie continuera de s’en ficher. Quelques années peut-être, mais cela se fera, dans une logique win win, ou khawa khawa comme disent nos amis Algériens… Cela fait 45 ans que ça dure, on peut bien attendre encore deux ou trois autres années… Et Nasser Bourita pourra, enfin, rire.
Aziz Boucetta