(Billet 65) – Science sans (liberté de) conscience n’est que ruine de l’âme

(Billet 65) – Science sans (liberté de) conscience n’est que ruine de l’âme

S’il y a deux verbes qui ne se conjuguent pas à l’impératif, ce sont bien « aimer » et « croire ». On aime ce et qui on veut et on croit en qui et en ce qu’on veut. Ainsi est la liberté de conscience, cela a toujours été ainsi, et cela ne changera pas. De tous temps et de par le monde, les extrémismes rigides et putrides ont tenté de l’étouffer, mais si les peuples cèdent toujours face à la violence des radicaux, ceux-ci s’effondrent toujours avec le temps.

Rabelais disait en son temps que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », et la conscience, pour exister, ne saurait être que libre, au risque de ne pas être. Au Maroc, les minorités religieuses nationales (chrétiennes ou autres) sont encore chassées, voire pourchassées… mais comme il est difficile de tout changer dans notre société qui change lentement, qui est aujourd’hui crispée et plutôt intolérante et énervée, l’éducation, l’audace, la grande politique des petits pas et la prudence dans l'évolution des consciences auront au final raison des censeurs et autres excommunicateurs, salafistes ou simplement nihilistes.

Dans leurs discours sur l’esplanade Hassan à Rabat, au début de la visite (historique, et le mot n’est pas galvaudé cette fois) de François chez Mohammed VI, le pape a rappelé que la conférence de Marrakech de 2016 sur les minorités religieuses, voulue par le Commandeur des croyants, avait « condamné toute utilisation instrumentale d’une religion pour discriminer ou agresser les autres, en soulignant la nécessité de dépasser le concept de minorité religieuse, au profit de celui de citoyenneté (…), qui doit revêtir un caractère central dans tout ordonnancement juridique ». Le Roi avait alors en effet précisé que « Nous nous chargeons de préserver les droits des musulmans et des non-musulmans sans distinction entre eux. Nous protégeons leurs droits en tant que religieux (…). Nous les protégeons aussi en tant que citoyens en vertu de la Constitution ».

Dès lors, quelques que soient les dits hier et les non-dits aujourd’hui, être marocain signifie d’abord et avant tout, au-dessus de tout et au-delà de toute croyance, d’être citoyen respectueux des lois et du droit. Les intolérants de tous poils – si l’on ose dire – protesteront, mais ils relèvent de ces extrémismes autoritaires qui, bien que violents et forts de quelques succès aujourd’hui, s’effondreront avec le temps demain…

… et la société évoluera, la Commanderie des croyants se renforcera car elle rayonnerait sur les trois monothéismes, au Maroc et ailleurs, et le royaume en sera plus fort car science avec (liberté de) conscience ne peut être que richesse de l’âme. Et par effet mécanique, du reste.

Aziz Boucetta



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