(Billet 67) - Moulay Hafid el Hallali

Toujours vêtu de bleu, Moulay Hafid Elalamy n’est pas vraiment un bleu en affaires et en politique. Et pourtant… En voulant prendre un morceau de bœuf, et se faire aussi gros que lui, MHE (pour les amis et même les ennemis) a empoché un milliard de dollars, mais perdu le reste ! Le ministre d’entre autres l’Industrie et le Commerce, fort talentueux en affaires, semble plutôt novice en psychologie, lisse en politique, et pleinement étranger à la diplomatie.
Lorsqu’on est ministre du gouvernement et milliardaire de son état, on paie cher de commercer avec un adversaire de son Etat, et de surcroît quand on en gère le Commerce... Comment paie-t-on cher quelque chose si on s’appelle MHE, qu’on manie l’humilité avec retenue, et qu’on a vendu sa Saham au Sud-africain Sanlam ? Par l’image perso, par l’engueulade et par l’argent.
En termes d’image, une polémique avait suivi la vente car les droits d’enregistrement de 4% avaient été supprimés dans la loi de finances en cours. On avait accusé le très fortuné MHE et son ami l’infortuné Mohamed Boussaïd d’avoir « dealé ». Faux, la suppression de ces droits était judicieuse, mais comme on ne prête qu’aux riches et que MHE est riche, alors on lui a beaucoup prêté. L’arrogance dont on l’accuse a fait le reste, et quel reste !
Et le 29 novembre dernier, avec le Roi qui le tançait rudement, et même le rudoyait, MHE a vu le boulet rouge et vert passer si près qu’il a emporté un gros morceau de sa faconde et beaucoup de sa superbe, n’en laissant qu’un tout petit peu quand même, pour la route, au risque de déroute. Se faire admonester devant témoins sur sa double nationalité passe encore … mais entendre le Boss le réprimander sur son arrogance et l’enjoindre de « travailler plus pour son pays que pour lui », c’est rude, voire périlleux. Un petit mot pour Mohammed VI, des maux géants pour MHE, mais rien de mieux qu’une bonne engueulade pour que le personnel file droit !
Et c’est justement sur ce point qu’Othmane Benjelloun a étrillé le susdit hier, lui reprochant tout simplement de faire ami ami avec l’ennemi. Il est vrai que la vente de Saham s’était faite dans un contexte de détente entre Prétoria et Rabat, mais les négociations avaient commencé bien avant… C’est une faute, que même la victoire sur la Task force de la FIFA ne peut occulter. Dans l’intervalle, l’aussi nationaliste que So british Mister Benjelloun, qui sait généralement ce qu’il dit et toujours pourquoi il le dit, ouvre grand sa boîte à gifles et déclare « ne pas avoir apprécié » la vente, déboute MHE et le boute hors de son rêve de devenir banquier.
Mais rassurez-vous, braves gens, l’homme en bleu, tantôt blanc de rage, tantôt rouge de colère mais le 29 novembre vert de peur, continue et se lance déjà vers de nouvelles aventures. En attendant un prochain obstacle. Ou l‘hallali.
Aziz Boucetta