(Billet 104) – L’impôtbable réforme du fisc

(Billet 104) – L’impôtbable réforme du fisc

Que pensez-vous qu’il arriva après les Assises des impôts ? Les gens se sont levés, puis sont partis. Comme si de rien n’était ? Presque…  Et pourtant tout le monde était là, à la fête : ministres actuels, probables ou anciens, sociologues et autres théoriciens, fraudeurs, auditeurs et investisseurs… Tout le monde a contribué, un peu, et tous ont défendu leurs positions, beaucoup, même les plus indéfendables. Un espoir fol était né alors, de voir le Maroc fonctionner à peu près normalement en matière fiscale. Las…

L’excitation faite de tensions et d’attention, finement poussée des mois durant à son paroxysme, est brutalement retombée. C’est regrettable car l’espoir a ceci d’ennuyeux de ne pas être éternel ; et quand les convictions, les propositions et les bonnes intentions sont laissées en jachère, la moisson est aussi rachitique que la proportion de médecins privés s’acquittant convenablement de leurs impôts.

Et pourtant ces 3èmes Assises étaient infiniment plus réussies que les deux précédentes réunies, et rarement un patron du fisc a été aussi chaleureusement applaudi qu’Omar Faraj (photo). On a causé, on a glosé, et même proposé, et une série de recommandations a été présentée par l’austère Mohamed Benchaâboune, grand argentier du royaume.

Quand Zouhair Chorfi a été abondamment applaudi pour sa saillie contre les larcins de certains médecins, cela indique que, finalement, il n’y a pas que du pourri au royaume de Maroc. C’est un signe des temps et un signal de détente entre le fisc et le commun des mortels. Quand l’opinion publique soutient ce même haut-fonctionnaire et fait plier des médecins vindicatifs qui veulent en découdre avec lui au maillet judiciaire, on se dit qu’une dynamique vertueuse peut se déclencher de Tanger à Lagouira, comme on dit. Hélas… depuis, walou de la part des gabelous.

Et pourtant, on sait que les crânes d’œufs du ministère planchent sur la loi-cadre. Fort bien, mais communiquez, enfin, ne jouez pas l’Arlésienne !... Aidez les gens à croire en vous, car jamais le volontarisme technocratique seul n’a su et pu produire de la confiance, principal problème de l’impôt sur nos terres, comme dit et redit par Omar Faraj. Et bien malheureusement, celui qui doit le faire, en l’occurrence M. Benchaâboune, est depuis aux abonnés absents… la compagnie des médias l’indispose-t-elle à ce point ?

Il n’est pas du rôle du fisc de se répandre dans les gazettes, c’est plutôt celui du ministère. Mais comme celui-ci a une peur bleue RNI de s’étaler devant la presse, il se contente de s’emmurer dans son bureau et prend le risque de laisser les contribuables se claquemurer derrière leurs fausses déclarations. C’est bien dommage pour ce bel élan constaté début mai, avec le risque croissant de voir tout le monde s’asseoir sur les bonnes idées issues de ces Assises.…

Aziz Boucetta

 

 



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