(Billet 143) – Benkicrane crame après le vote de la loi sur l’enseignement

Enfin !... Après 63 ans d’indépendance et suite à moult tentatives laborieuses, plus ou moins sérieuses, on saura donc, finalement, en quelle(s) langue(s) nos chères petites têtes brunes recevront leur instruction. Le PJD s’est incliné, puis a laissé passer le texte prévoyant l’apprentissage des matières scientifiques au lycée en langues étrangères, en français pour être précis. Indécis, l’Istiqlal veut faire plaisir à tout le monde, ne dit pas non, ne dit pas oui, mais dit faut voir, et s’abstient. Puis surgit M. l’Ex, Abdelilah Benkirane…
Le texte de la 51-17 a donc été voté. En avril dernier, l’ancien chef du gouvernement et du PJD avait réussi à le torpiller puis à le renvoyer aux calendes grecques. Puis, partant du principe que perseverare n’est pas toujours diabolicum, le gouvernement a reculé pour mieux sauter le pas… menant M. Benkirane à vouloir faire sauter le parti. La raison : le texte est passé en commission et attend d’être entériné en plénière.
Pour cela, il a enregistré une (énième) vidéo dans son désormais célèbre salon, orné de la photo de lui-même, souriant large avec le défunt Abdallah Baha. Tout y est passé, sauf les larmes… oh, il a bien essayé, mais ses glandes lacrymales l’ont finalement trahi… « elles aussi », aurait-il pu penser. Alors, l’ancien dirigeant, aussi enrageant que diligent, a sorti l’artillerie lourde, lançant anathèmes et tançant tout le monde, hoquetant même qu’il brûle et se consume, qu'il crame, quoi… faisant appel à l’islam et rappelant les principes, dont le principal est la centralité de l’arabe classique. Tout cela servi dans une impeccable darija !
Et s’il faut mentir sur les faits, qu’à cela ne tienne… A l’entendre, l’arabe serait progressivement abandonné au profit du français, « la langue coloniale ». Et s’il faut grossir le trait, peu importe… Il se dit défenseur du pays contre l’abominable PAM et s’érige en protecteur de la monarchie pendant le 20 février. En fait, M. Benkirane nous a infligé une longue diatribe d’autoglorification mystificatrice. Dégât immédiat : le gentil Driss Azami el Idrissi, n°1 du groupe parlementaire PJD, n°2 du parti et créature assumée de M. l’Ex, a démissionné. Une autochute qui a fait pshhiiit.
Puis le grand homme porte ce qu’il pense être l’estocade, sous forme de rodomontade. Il a pensé, dit-il, avec un trémolo qu’il aurait voulu lacrymal, à quitter le parti « auquel il ne pense plus être honoré d’appartenir » (sic). Re pshiiit, le parti a certes tangué mais n’a pas fait, et ne fera pas, tilt. Ultime humiliation : sa bafouille n’a même pas eu l’honneur de figurer sur le site du PJD, ni sur ses réseaux mais, à l’inverse, le parti explique longuement son vote.
Rappelons encore une fois ce qui disait Mostafa Ramid, sévèrement épinglé par M. l’Ex(plosif) lors de son allocution : « Nous autres membres dirigeants et élus du PJD avons placé nos enfants dans le privé, où ils apprennent les langues. Pourquoi en priver les autres, au public ? ». Il serait intéressant de savoir où ont étudié, ou étudient, les enfants de MM. Benkirane, Abou Zaïd et Azami Idrissi, et combien de langues ils maîtrisent. Simple curiosité…
Aziz Boucetta