(Billet 152) – Une rentrée qui souffle le show et l’effroi

(Billet 152) – Une rentrée qui souffle le show et l’effroi

La rentrée, sous toutes ses formes, s’annonce grimaçante car la « sortie », fin juillet s’était faite sur un rictus. Cette reprise de septembre ne sera définitivement pas comme les autres… très prometteuse pour certains, abominablement angoissante pour beaucoup d’autres, plutôt stressante pour à peu près tout le monde. Après le discours du Trône, beaucoup de ceux qui maîtrisent l’art du rebond auront du mal à repartir ; pour eux, ce sera la rentrez… chez vous !

On commence déjà, en effet, à nourrir des préoccupations au sujet de la rentrée scolaire. La cuvée 2019 du baccalauréat ayant été relativement bonne, les universités seront encore plus encombrées que jamais, ce qui n’est pas peu dire… Quant aux langues d’enseignement, on peut faire confiance au ministre Amzazi pour accélérer la cadence, maintenant que la loi-cadre est passée – même si ses virils pourfendeurs n’ont pas trépassé – et qu’elle a été publiée au Bulletin Officiel, dont on salue au passage l’aussi remarquable qu’inhabituelle célérité.

Le ministre de la Santé a, lui, du souci sur la planche. Entre les étudiants en médecine qui bougent encore, l’affaire de l’hépatite C qui menace d’un monumental scandale d’Etat, les médecins qui grognent toujours et les infirmiers qui l’ont vraiment mauvaise, Anas Doukkali n’a rien trouvé de mieux que d’agiter ses petits muscles contre un journaliste qui a fait son métier en dénonçant à la télé les travers de la profession médicale. Qui dit pire ?

Puis, la classe politique, qui s’attend à une casse tout aussi politique… Elle, elle ne sait vraiment rien sur son sort, qui s’annonce houleux au mieux, lugubre au pire. Après le discours du 29 juillet, où le roi a annoncé le Grand Chambardement, ce n’est plus une épée de Damoclès qui pend sur le personnel politique, mais le cyclone Dorian. En devenir incertain, plusieurs de ses membres qui chantent à longueur d’année leur patriotisme se mettront au vert ou recevront un carton rouge. Après le violent et royal coup de semonce, un grand show s’annonce. Chaud devant !

Ainsi donc, et faute de multiplier cet été les soirées dansantes en entre-soi à Kabila ou Marbella, à Cabo Negro ou au Montenegro, les costauds du gouvernement sentant leur fin prochaine, ont décortiqué les mots du discours plus qu’ils ne se sont autocritiqués pour les maux y dénoncés ; ils ont essayé avec angoisse de compter leurs points et de flairer le fond de l’air. Hélas, ils n’ont trouvé que des abattis ; ils se croyaient têtes pensantes, ils se retrouvent crânes pansés.

Le peuple s’énerve et le roi est en verve, et il n’en faut pas plus pour que cette (r)évolution du roi et du peuple ait raison d’une classe politique qui a tout faux, prise en tenaille entre le haut de la pyramide, qui la regarde tomber bien bas, et le Maroc d’en bas qui la regarde de haut. Il est aujourd’hui plus que temps que ceux qui refusent obstinément de partir s’éclipsent, enfin, au profit de ceux qui veulent arriver !

Aziz Boucetta

 



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