(Billet 162) – CGEM : L’université d’étai d’un patronat moins honni

(Billet 162) – CGEM : L’université d’étai d’un patronat moins honni

A quoi sert une université d’été ? A parler de tout et de rien, de ce que l’on veut, mais surtout sans cravate. A ce titre, l’université d’été de la CGEM, tenue en fin de semaine dernière, a été un succès. En effet, d’entrée de jeu, le président Salaheddine Mezouar a surgi sur scène dépouillé de cravate, avant de tomber la veste. A part cela, sur le fond, beaucoup de choses ont été dites aussi.

Selon une définition largement répandue et acceptée, une université d’été est le lieu où les gens d’un mouvement, d’un parti, d’une confédération viennent parler de ce qui a été fait et surtout de ce qui devra l’être lors de la saison qui s’annonce. Voilà pourquoi ces universités d’été se tiennent fin août ou début septembre. Pour la CGEM, c’était un vendredi 13, mais ce n’est pas grave. Les dirigeants d’entreprise ont écouté les gens du gouvernement et d’ailleurs, et ont aussi développé leur entregent.

Et tout s’est bien passé, du moins largement mieux que l’année passée, quand M. Mezouar n’était pas encore devenu véritablement président, malgré son élection triomphale quelques mois auparavant. Le ministre des Finances Mohamed Benchaâboune a fait plusieurs promesses, s’est félicité de plusieurs hauts faits financiers et réglementaires et a même réussi à faire rire la salle une fois ou deux, ce qui pour lui relève de l’exploit. Il aurait quand même pu dire un mot sur l’excellent Omar Faraj, dont on devait annoncer le départ de la DGI dans la journée. Quand même… Quant à Moulay Hafid Elalamy, il a voulu retrouver sa flamboyance coutumière, mais ça ne marche pas à tous les coups…

Des débats, aucun combat, des échanges, sans animosité, des palabres, mais c’est normal, on est en Afrique… M. Mezouar est aux anges et ses équipes se sentent pousser des ailes, et ils ont raison, l’université est un succès, avec un patronat humanisé qui a même réussi à remuer à la fourche certaines choses qui fâchent.

Le lendemain, samedi donc, les patrons du CESE et du Conseil de la concurrence étaient là pour dire leur(s) vérité(s), sans démériter, face au très souriant chef du gouvernement et à son non moins souriant ministre de l’Education. Même Mostafa Ramid était là, mais il est vite reparti, après s’être assuré que dans la salle, il n’y avait aucun souci de droits de l’Homme (dont il est en charge) … M. Elotmani a même lancé aux patrons un très souriant « je vous ai entendus, et je vous ai même compris ! »… Cela sera-t-il compris aussi dans la loi de finances à venir ? Nul ne sait, faudra attendre le modèle de développement de l’avenir, mais qui tarde tant à venir…

Seul hic, ou couac, ou hiatus, l’intervention de Nicolas Sarkozy, dont la verticalité réduite ne l’empêche pas d’être condescendant… ou peut-être même que ceci explique cela. En dépit de cela, il a été chaleureusement, abondamment, inconsidérément applaudi. Pourquoi ? Restons courtois et gentils avec nos patrons peu habitués à voir un Ex en chair, en os et en talonnettes (très visibles vu la position assise du Monsieur), un Ex qui a, malgré tout, imprimé son « cachet » sur l’aréopage ravi…

Globalement, une université d’été animée, comme il se doit, vivante, comme cela s’est vu, bien ordonnée, comme la charité, et bien coordonnée, comme la CGEM a appris à l’être. On aura cependant remarqué l’absence de l’ancienne présidente Miriem Bensalah Chaqroun… Et c’est dommage pour elle, pour M. Mezouar, et pour la CGEM !

Aziz Boucetta

 



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