(Billet 165) – Carburants : les prix à la pompe... qui nous pompent

« Il n'y a aucune raison qu'il y ait une hausse des prix à la pompe et le gouvernement y sera très attentif », déclare ce membre du gouvernement, et nous autres consommateurs marocains en sommes très heureux… pour les Français ! Car cette déclaration a été prononcée par une ministre française, soucieuse de ne pas inquiéter les populations, chez elle. Chez nous, en revanche, en cherchant un peu, et même beaucoup, on ne trouve nulle part de telles sorties, pas même des bafouilles…
Et pourtant, après les attaques sur les sites d’Aramco en Arabie Saoudite, voici quelques jours, la production mondiale a chuté de 5%, ce qui doit normalement se ressentir sur les prix à la pompe, connaissant la légendaire réactivité des distributeurs, ce qui est normal et tout à fait naturel, puisque ce sont des privés, soucieux d’abord et avant tout de leurs marges et de leurs charges.
Il reste le gouvernement… Lui, son mutisme n’est ni normal ni tout à fait naturel, mais il est plutôt habituel. Les ministres sont préoccupés par la vague de chaleur « dégagiste » qui s’annonce torride. Au sein de l’équipe supposée diriger le pays, on ne parle que de ceux qui pourraient partir, mais qui ne le voudraient pas, de ceux qui souhaiteraient s’en aller, très rares, et de toutes celles et tous ceux qui piaffent dans l’antichambre « zelligée » d’un Saadeddine Elotmani tétanisé par l’énormité de la tâche qui est la sienne de réorganiser tout cela…
Entretemps, il y a menace sur les prix à la pompe… Les Saoudiens disent qu’ils ont presque tout réparé lundi, le surlendemain de l’attaque dont ils ont fait l’objet. Mais les Saoudiens, et leurs déclarations… Les experts internationaux disent, affirment, eux, qu’il faudra plusieurs jours ou semaines pour tout remettre d’équerre… Alors de deux choses l’une : ou l’Aramco puise dans ses réserves et les cours seront maintenus (en espérant que les prix chez nous feront de même), ou les Marocains ponctionneront également sur leurs réserves stratégiques de pétrole, et dans ces deux cas, les prix à la pompe resteront stables. Mais si les choses se passent différemment, ou que les stocks marocains soient en fait du toc, alors les prix s’envoleront, et les Marocains s’énerveront, à juste titre.
On aurait donc pu attendre une déclaration du gouvernement, de Lahcen Daoudi par exemple, chargé des affaires générales, c’est-à-dire d’un peu de tout… ou de Mohamed Benchaâboune qui compte, qui compte, sans que l’on puisse vraiment compter sur lui pour expliquer, et encore moins convaincre… ou d’Aziz Rabbah, en charge de l’énergie et manquant manifestement d’énergie…
Dans l’attente, il faudra attendre… et ça, nous autres Marocains, on est très forts pour le faire.
Aziz Boucetta