(Billet 166) – Du gouvernement… partira, partira pas…

« Du gouvernement, tu ne partiras point », tel est le 1er commandement de nos ministres, pleins, délégués ou sous-ministres, communément appelés secrétaires d’Etat. Personne ne veut partir, et pourtant, plusieurs vont se départir de leurs si chères fonctions. Le roi Mohammed VI l’a annoncé clairement dans son discours du Trône, puis il l’a rappelé, à toute fin utile, le 20 août, avant d’appeler ce weekend le chef du gouvernement Saadeddine Elotmani, aux fins de lui enjoindre d’aller vite, plus vite, très vite. Alors qui partira, qui restera ? Spéculons sur les plus connus, ou les moins méconnus, de nos Très Chers Leaders du gouvernement…
Pour le PJD, Saadeddine Elotmani fait le job, et il est constitutionnellement « impartable », sauf par le biais d’une dissolution, ce qui ne serait pas une solution… « Son » ministre d’Etat Mostafa Ramid devrait rester, car il connaît le boulot, et la musique aussi. M. Ramid a également cet insigne avantage de contribuer à la mainmise de M. Elotmani sur leur parti commun, le PJD. Mustapha el Khalfi pourrait sortir, puisqu’en dehors de ses points de presse hebdomadaires pour rapporter la bonne parole de notre bon M. Elotmani, il est furtif… sauf sur Facebook et Twitter. Bassima Hakkaoui est, au gouvernement, en charge de la famille… et peut-être même des enfants. Mais comme ni la famille ni les enfants ne se portent bien dans ce pays, elle pourrait trouver sa voie vers la porte.
« Chef » de ce qui reste de l’UC, M. Sajid, pour ceux qui l’auraient oublié, s’occupe du Tourisme, mais sans trop s’en préoccuper semble-t-il ; il est l’homme invisible du gouvernement, et il peut le rester, en dehors du même gouvernement, en emmenant avec lui sa si fébrile secrétaire (d’Etat) Lamia Boutaleb.
Patron des Bleus, Aziz Akhannouch est attaqué de toutes parts et il se défend bec et ongles. Accusé de tous les maux, lui et ses gens du RNI multiplient les mots et les éléments de langage. Ministre du monde rural (pour faire court) depuis 12 ans, il est donné chef du gouvernement dans deux ans. Il veut, mais nul ne sait s’il peut, y compris lui-même.
Les ministres des autres partis, UC, USFP et MP, fatigants comme un remord, rasent les murs et aspirent à l’oubli… dans leurs fonctions. Et le PPS, mené par son éternel énervé de chef, sous-entend tout bas l’inverse de ce qu’il laisse entendre tout haut, en l’occurrence qu’il veut quitter l’épave gouvernementale.
Ce qui reste à peu près sûr est que les secrétaires d’Etat devraient s’en aller pour une salutaire cure d’amaigrissement de l’équipe Elotmani. Mais en fait, dans les faits, et pour dire les choses crûment, ce sont les ministres dits de souveraineté qui maintiennent en surface ce très frêle esquif abusivement appelé gouvernement, Laftit, Bourita, Toufiq et quelques autres… D’où la grande question : le Maroc a-t-il besoin de prospérité et d’efficacité, ou de ces partisans, simples artisans de la politique mais véritables éoliennes de l’éthique ?
Aziz Boucetta