(Billet 171) – Ilyas el OmaRIP

(Billet 171) – Ilyas el OmaRIP

Clap de fin pour Ilyas el Omari, ex-secrétaire général du PAM et désormais ex-président de la Région Tanger Tétouan al Hoceima. Un « clap » qui ne sonne pas comme un applaudissement, mais comme une claque. L’homme a été à quelques encablures du pouvoir… enfin de la chefferie du gouvernement, mais il a perdu. Ce fut la descente aux enfers de l’anonymat, puis de l’oubli, loin de la blitzkrieg qu’il se projetait de lancer sur le fauteuil douillet de chef du gouvernement.

Sa carrière politique s’est achevée aussi brutalement qu’elle avait démarré, mais aussi mystérieusement aussi. Sur le plan politique, l’homme apparaît subitement sur les radars de l’opinion publique, un jour de 2009, se faisant une place au sein de la classe politique en maniant le couteau avec la dextérité d’un éclaireur vietcong. En ces temps-là, Fouad Ali al Himma était à la manœuvre, et el Omari manœuvrait en coulisses. Mais en 2011, le premier entrait au palais pour y être conseiller du roi, et l’heure du second n’avait pas encore sonné. Elle ne sonnera jamais !

Néanmoins, rusé tel un renard et doté d’un admirable art du rebond, en plus d’une mémoire d’éléphant adulte, le caudillo Ilyas el Omari avait ciblé ses adversaires, criblé ses ennemis et dribblé ses « amis » pour rester toujours celui qui compte au sein du PAM… cette auberge espagnole attirait alors les anciens gauchistes en mal de carrière, les jeunes pousses en mal de partis, et les éternels opportunistes en mal d’avenir.

Et Ilyas poursuit sa carrière, sous la houlette d’el Omari, avec des hooligans aguerris. Cela commence par le siphonnage des partis et le bidonnage des élections des conseils communaux, et cela confère finalement au PAM un statut d’ornithorynque de la politique fait de bric et de fric, de broc surtout de toc. Quelques militants de valeur sont bien là (Rouissi, Bensaïd, el Ouadie, Koukouss, Layadi…) mais, noyés dans la nappe marécageuse des autres, leurs voix se noient dans les remugles sonores de la grande majorité douteuse, soucieuse de plaire à Ssi Ilyas.

Puis ce dernier est propulsé au firmament des espérances (exagérément) nourries par les uns et les autres contre le raz-de-marée attendu du PJD en 2015. Il est vrai qu’en affichant la componction d’un pape, il avait des pratiques de Torquemada. Las…. Le PAM Omarien croise le fer avec le PJD, et brise sa lame contre la solide carapace Benkirane. Le chef du PAM masque sa désolation avec le lot de consolation qu’est la présidence de la Région Tanger Tétouan al Hoceima, taisant ses déboires en criant victoire. Et en 2016, le PAM et son chef chutent lourdement, et définitivement, face au PJD.

Depuis, Ilyas el Omari tente de se maintenir à flots alors que son parti va inexorablement à vau-l’eau. La maison PAM brûle et M. Ali al Himma, désormais conseiller royal, regarde ailleurs… Poussé vers la sortie, l’encore secrétaire général freine des quatre fers, annonce son départ, renonce à son annonce, résiste, persiste, mais le mauvais sort finit par le sortir, remplacé par un de ses hommes à tout plaire, le rugueux Hakim Benchamas.

Bref, Ilyas el Omari ayant démarré son parcours en claudiquant, a fini par chuter ; aujourd’hui, le trépas politique du Caudillo est acté avec sa démission – non confirmée mais non démentie – de la présidence de la région. Avec, en dommage collatéral, le brouillage opacifié d’une classe politique vaguement complice, qui n’a jamais été ni très reluisante ni trop séduisante.

Aziz Boucetta

 



Articles Similaires



Les plus populaires de la semaine

Vidéos de la semaine




Newsletters