(Billet 179) – Remaniement, ce qui change et ce qui dérange

(Billet 179) – Remaniement, ce qui change et ce qui dérange

Ils étaient plus de 40 et on ne voyait qu’eux 10, mais désormais ils ne sont plus que 24, nos ministres, et on les verra presque tous !… On attendait ce remaniement, et on l’a finalement eu. C’est brutal, la politique, par moments, car à l’issue de ce remaniement, 20 ministres ou sous-ministres sont passés à la trappe, et un parti entier les y a rejoints, en l’occurrence le PPS, qui nous a même gratifiés, au choix, d’une tragédie grecque ou d’un opéra-bouffe. Revue de détail…

L’élément le plus important est que ce gouvernement est composé de près d’un tiers de technocrates, les ministres dits de souveraineté, car gérant des secteurs relevant du domaine réservé du souverain. On peut y ajouter quelques autres, comme Mohamed Benchaâboune ou encore Nadia Fettah, précipitamment repeints en bleu RNI mais en réalité résolument apolitiques (à l’image de Moulay Hafid Elalamy dans son autre vie, avant qu’il ne prenne goût et ne prenne des coups). Et comme tout l’attelage est soutenu par une majorité au parlement, la logique démocratique est respectée et la contrainte technocratique est actée, donnant un gouvernement ni totalement technocratique ni pleinement politique, mais techno-politique. Tant mieux, le Maroc a besoin de connaisseur(e)s.

Le remaniement, au final, aura davantage contribué à chasser les incompétences qu’à trouver des compétences. Jugez-en : 20 ministres s’en vont, et 6 s’en viennent. Le gouvernement, ramassé, présente des allures de commando, et a deux ans pour rendre le sourire aux Marocains, et dissuader les très nombreux, les trop nombreux, qui veulent s’en aller de concrétiser leur rêve. Rude et vaste tâche… Un gouvernement tellement resserré que ses membres ne se sont même pas serrés autour du roi sur la photo de famille !

Il reste une question… Pourquoi ce gouvernement Elotmani, 3ème du nom, a-t-il tant irrité urbi et orbi ? Ou, autrement dit, à quoi s’attendait-on en réalité ? Des diplômés, le cabinet en regorge… des gens du terrain (économique et entrepreneurial), il y en a pléthore… des techniciens, il suffit de demander… des femmes, quelques-unes, quatre pour être précis, soit 17% de l’effectif, autant que la proportion de femmes actives au sein de la société. Et dans tous les cas, il serait raisonnable d'accorder le bénéfice du doute à ces 24 personnes, et les juger sur pièce(s) dans deux ans.

Mais ça ne suffit pas, les gens semblent tenir à vouer aux gémonies l’équipe Elotmani. Et ils ont raison, car seule, elle ne pourra être que veule, et elle ne pourra rien faire. Et ça tombe bien, le roi avait annoncé un train de mesures global, une valse à trois temps… le modèle de développement, puis le remaniement, et enfin une refonte de la technostructure. L’un ne va pas sans l’autre ; aujourd’hui, on a le gouvernement, il reste la Commission pour le développement et les nominations ici, là, ailleurs…

Alors, il faut savoir ne pas insulter l’avenir, sachant que pour les deux ans à venir, les nouveaux devront faire vite et bien, les anciens aussi, au risque de finir tout aussi vite, mais mal. Les uns et les autres doivent se mettre au travail, pour mettre, enfin, le pays sur les rails. Le Maroc le vaut bien…

Aziz Boucetta



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