(Billet 199) – Le Sultan et le Titan

(Billet 199) – Le Sultan et le Titan

Il était une fois une tribu dans les lointaines et arides contrées d’Aramaristan, qui vivait heureuse d’elle-même et en paix avec les autres, et les apôtres. Cette tribu avait un sultan sage qui veillait gentiment sur le sort de sa chère troupe et avec bienveillance sur son bien-être qui ne revenait pas très cher. Lui n’avait pas beaucoup à donner et elle, ne demandait pas beaucoup, ce qui créait une sérénité à toute épreuve dans l’attelage. La tribu aurait pu vivre un bonheur sans pareil, n’eût été la position de son village et le tumulte de son voisinage.

Jadis très étendue, cette tribu n’était jamais pressée par le temps, mais le temps, l’occident et l’occitan ont érodé son territoire, riche et sis au carrefour des appétits de tous les vautours alentour. Néanmoins, avec force constance et persévérance, le sultan et ses combattants recouvrirent leurs territoires, tous leurs territoires… Tous ? Oui, tous, à cette exception près de larges contrées certes arides mais âprement disputées par des forbans avides… croyant être aimés mais étant surtout aidés par les chefs aisés de la tribu voisine, le Gaïdistan, qui n’ont jamais apprécié la grandeur du sultan et la splendeur de ses capitans.

L’Aramaristan pria et supplia, ferrailla et guerroya, œuvra et manœuvra pour desserrer l’étau mû par son voisin appuyé sur ses forbans renégats ; les chefs bedonnants du Gaïdistan demandèrent alors avis au Grand Conseil des Sages, composé des gouvernants, chefs et maîtres des autres tribus. Mais dans cet aréopage nu dans sa maison de verre, seul le royaume Défranc prodigua son aide à l’Aramaristan, chaque jour et sans détour, se disant pas intéressé mais en vrai, par le rêve de pillage toujours caressé.

Et le monde vit ainsi, avec ses heurts et ses malheurs, ses rares valeurs et ses grands voleurs, sous la coupe des puissants qui se dévisageaient et enrageaient, ravageaient et mangeaient les petits, proches ou lointains.

Un jour, un de ces grands royaumes, le Révolvain, situé au-delà des mers, choisit un chef hardi aux allures de bandit, Don Titan, qui n’aimait rien d’autre que lui-même, et sa fille Blondika. Il l’avait ainsi baptisée pour honorer sa blonde chevelure qui lui conférait une grande beauté et aussi pour évoquer la légendaire reine bretonne Boudika. Le grand chef, craignant ses commensaux, ses vassaux et leurs ruses, fit de Blondika sa muse, et l’expédia vers les vastes contrées voisines ou éloignées promener sa blondeur et vanter la grandeur de son père le Chef, qui avait pris coutume d’haranguer ses gens au moyen de son grand twivuzela, un instrument qui portait haut et loin sa voie d’impérator.

Ce que voyant, l’Aramaristan, usé par le Gaïdistan et abusé par le Défranc, rusa avec le Révolvain et s’amusa à taquiner La Muse. Il l’invita et elle accepta ; elle vint et elle vit. Elle aime les caftans du pays du sultan, on lui en donna pour s’en vêtir à plein temps. Elle chérit la grandeur et on lui prodigua tous les honneurs. Elle aime aider et on sollicita son aide. Elle apprécie d’être flattée et on l’encensa comme jamais elle ne l’a été.

Blondika est heureuse, elle sourit… et quand elle sourit, Don Titan rit et pétrit tout sous ses bottes de mille lieues, royaume de Défranc compris. Il s’empare de son twivuzela et souffle à pleins poumons dedans : « L’Aramaristan for me, for me, for me, formidable ! ». A ce cri, Défran est sur la touche et Gaïdistan se couche.

Le sultan d’Aramaristan et ses sujets ont aussi compris la morale de l’Histoire : En Aramaristan, mieux vaut Titan content que Défranc haletant !

Aziz Boucetta

Toute ressemblance avec des faits réels n'est bien évidemment pas fortuite.



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