(Billet 210) – Les jeunes, cette armée électorale de réserve…

Les élections approchent de mois en mois, et une bonne participation se confirme de moins en moins. La tendance à cette indifférence électorale est certes mondiale, car en cette période trouble de la politique urbi et orbi, les peuples préfèrent exprimer leurs revendications dans la rue plus que dans l’urne. Au Maroc, ce n’est ni dans l’une ni dans l’autre qu’on conteste et qu’on proteste, mais sur le web. Et pourtant, nous avons une armée électorale de réserve, qui pourrait tout changer, ou presque…
Dans le royaume, nous sommes quelques 25 millions de personnes en âge de voter, mais par la magie de l’ingénierie et la grâce des ingénus, seuls 15 millions se sont (ou furent) inscrits sur les listes électorales en 2016 ; sur ces 15 millions, 8,3 millions de gens à peine avaient daigné se déplacer le vendredi fatidique dans les bureaux de vote, et 900.000 avaient voté blanc ou nul. En gros, c’est juste le quart de la population qui a choisi ses « dirigeants », devenu de ce fait indigents.
Examinons les résultats des précédents scrutins… Le premier parti, en l’occurrence le PJD, a obtenu 1,6 million de voix, en quasi-stagnation par rapport aux chiffres électoraux (locaux) de 2015. Le PAM, récemment créé et étrangement dopé, a bondi à 1,2 million, suivi par l’Istiqlal (0,6 million) et le RNI (0,5 million). Ce ne sont pas des scores fleuve, des chiffres imbattables, des prouesses inégalables, et les partis ne sont pas des forteresses inexpugnables. Cela fait le jeu de certains certes, mais cela est aussi l’enjeu du scrutin à venir.
Constat : les gens chez nous ne s’intéressent pas à la politique, mais alors pas du tout. Seuls les séniors ont encore un attrait pour la chose, question d’habitude sans doute, mais tout est relatif. Les jeunes, quant à eux, sont accaparés par leurs problèmes de jeunes, et c’est dans leurs rangs que prospère une véritable armée électorale de réserve… qui ne croit plus ni dans les promesses politiques auxquelles personne ne donne crédit, ni dans les engagements économiques, qui n’engagent même pas ceux qui les font.
A défaut de détails chiffrés sur l’abstention urbaine, et avec un taux national de participation d’environ 45%, c’est vers les jeunes urbains que doivent être dirigés les efforts des partis, en axant sur les problèmes sociaux que rencontrent les populations citadines. Drainer ainsi quelques centaines de milliers de votes dans les grandes villes du royaume est plus que possible.
Il faudrait néanmoins pour cela que les dirigeants politiques prennent le temps de réfléchir, comprennent les problématiques sociales et sociétales, et surprennent par des positions tranchées. Ce n’est pas gagné !...
Aziz Boucetta