(Billet 235) – 2020, année 20/20 ou année d’espoirs vains

(Billet 235) – 2020, année 20/20 ou année d’espoirs vains

Une année commence… une autre année recommence… l’habitude est là, les vœux ne ressemblent à rien de plus qu’à d’autres vœux, excepté de délicieuses exceptions.  Mais 2020 est, pourra, devrait être une année d’exception… Le Maroc en a bien besoin pour réussir sa bascule dans cette nouvelle décennie pleine de défis internes et porteuse de tant de conflits externes. Les Marocains aussi concernés que consternés ressentent de plus en plus cette colère qui coupe la faim et ruine le sommeil !

2020, l’année de la commission

Les 36 membres de la Commission Benmoussa ont commencé leur rude tâche ; ils devront dessiner les contours de ce à quoi devra ressembler le royaume pour ressembler à quelque chose. Osons espérer que tous les aspects de la vie du pays seront revus, tant sur l’économie que dans le social, sur le culturel que pour le politique. Il faudra ensuite mettre tout cela en pratique.

La classe politique est-elle à même de répondre par la compétence, la conscience et la bonne gouvernance aux attentes de la classe moyenne et des sans-classe ? Non ! M. Benmoussa et les siens devront proposer du nouveau pour rompre avec les désormais insupportables vieilleries. Peut-on faire du neuf avec du vieux ? Encore non ! Bon courage alors pour imaginer la solution avec MM. Elotmani, Baraka, Akhannouch, Lachgar, Laenser, Benchamas (ou un autre)…, vendeurs sans trêve de rêves sans fin, passés sans l’avoir compris de l’Etat de grâce à la disgrâce en tas.

2020, l’année des institutions

Dame justice serait plus belle en abattant moins aveuglément son glaive sur les rebelles. La contestation est là, incompressible, et la libre expression aussi, irrépressible ; il ne sert à rien de vouloir museler une voix, car cela ouvre la voie à d’autres, plus puissantes, plus énervées. Les juges gagneraient à laisser les gens s’aimer et s’alarmer, contester et protester, sans intervenir…

La justice, au lieu de s’occuper de Hajar, d’Omar et d’autres moins connus qui connaissent aujourd’hui encore les affres de la geôle, serait infiniment mieux inspirée de s’intéresser aux textes produits par les institutions de gouvernance, des textes aux allures de réquisitoires que les gens lisent… La Cour des Comptes publie des rapports sur les indélicats et pointe les causes des déliquescences… le Conseil de la Concurrence doit y aller plus franchement, plus hardiment, plus complétement… cela clarifierait bien des choses sur les ententes illicites et les fraudes explicites. Dame Justice a du travail, ailleurs que là où elle s’exerce aujourd’hui.

2020, l’année des pré-élections

Les politiques sont mornes, et la politique est morte. A quoi cela sert-il de préparer plein de scrutins, sans citoyens… de faire dans la précipitation sans songer à la participation ? Le problème est dans l’éducation : le PJD veut absolument l’éducation traditionnelle, l’Istiqlal refuse inexplicablement la diversité des langues d’éducation, le PAM manque singulièrement d’éducation politique et le RNI veut bizarrement – et dangereusement – refaire notre éducation. Modérément démocrates ou modérément tolérants, souvent déprimants, ces gens-là devraient résolument penser à se renouveler.

La politique, aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux. Un bras de fer est engagé entre la démocratie numérique des uns et la démocrassie chimérique des autres. Une décennie s’en va, une autre s’en vient… Les universitaires, les milliardaires, les janissaires doivent se retirer pour faire de la place aux jeunes mousquetaires, plus populaires, résolument volontaires.

 

Le monde bout de bout en bout et les peuples sont plus exigeants envers leurs dirigeants. Ils veulent des droits et sont bien décidés à les prendre, les conquérir au besoin. Des politiques dotés d’intelligence devraient le comprendre et agir en conséquence, par la constance, par la présence et par la bonne gouvernance.

Aziz Boucetta



Articles Similaires



Les plus populaires de la semaine

Vidéos de la semaine




Newsletters