(Billet 256) – Le tandem OuahBiadillah se tâte et se PÂMe

(Billet 256) – Le tandem OuahBiadillah se tâte et se PÂMe

On a beau faire, on a beau dire… qu’un parti averti en vaut deux, mais pour l’instant, et bien qu’ils soient plusieurs, on ne voit qu’eux d’eux. Dans cette affaire de congrès du PAM, nous avons plusieurs ambitions, matérialisées par des candidatures ici militantes, là dilettantes, toutes pas convaincantes… Et puis, nous avons les deux ténors, l’un a une voix de stentor, l’autre est sénior, et tous deux souhaitent être mentors du PAM. Soit.

En réalité, le PAM, depuis sa création, file du mauvais coton. Créé un peu à la va-vite en 2008, il devient premier parti du royaume aux communales de 2009. On a beau faire, on a beau dire, donc, qu’un parti averti en vaut deux… Les gens du PAM auraient dû comprendre qu’un parti qui s’inscrit dans ces scores aussi rapidement, est bien mal parti. En ces temps-là, le PAM visait tranquillement les législatives où, si tout s’était bien passé, il aurait raflé la mise. Mais tout ne s‘est justement pas bien passé, avec le printemps arabe et sa déclinaison locale, le Mouvement du 20 février.

Depuis, le PAM prend coup sur coup, essaie d’en rendre quelques-uns, en reçoit d’autres, organise une valse de secrétaires généraux, tous ternes, tous à la quête d’une materne, d’une matrice, d’une figure motrice. Puis Ilyas el Omari est venu, il a vu et il n’a ni vaincu ni convaincu… avant de céder la place à un Benchamas plutôt malvenu, que personne n’a vu venir et qui a réussi à mettre son « parti » sens dessus dessous, au bord de la crise de nerfs, et dangereusement dépourvu de nerf de la guerre.

Aujourd’hui, le Dr Cheikh Biadillah veut redevenir chef, et Me Abdellatif Ouahbi aussi, pour remplacer le sortant et calamiteux Benchamas, et pour présider aux destinées d’un parti en lambeaux qui cherche désormais désespérément un flambeau. M. Biadillah, ancien ministre, ancien gouverneur, ancien président de la Chambre déconseillée, ancien chef du parti créé autrefois par le Conseiller, veut se construire un futur et pour cela n’insulte pas l’avenir. Donc il ne dit rien, à son habitude. M. Ouahbi, lui, en dit beaucoup, beaucoup trop même, pour plaire aux électeurs éventuels et, confiant en sa bonne étoile, comment une grosse bourde constitutionnelle.

En affirmant que la commanderie des croyants est de l’islam politique, il relègue la monarchie au champ politique traditionnel, la mettant au niveau d’un vulgaire parti, et la réduisant à une instrumentalisation du religieux dans le champ politique. Il est vrai que la commanderie des croyants qui tient sa légitimité de l’héritage et de l’allégeance historique confère au roi une stature politique particulière, mais les deux domaines sont distincts, car Mohammed VI, et avant lui son père, étaient garants de la liberté des cultes et protecteurs de leurs adeptes. C’est un peu différent de l’islam politique tel qu’il est encore exercé par al Adl wal Ihsane, qu’il voulait être pratiqué par le PJD d’autrefois et qu’il est conçu par le MUR d’aujourd’hui…

Le Dr Cheikh Biadillah aspire à redevenir secrétaire général et après on verra… Me Ouahbi fait le pari d’un maintien des forces actuelles au parlement de 2021 et ne respire plus que par une alliance PJD-PAM, qui lui permettrait alors de gouverner, ou plutôt de siéger au gouvernement – ce qui est différent –, avec deux partis seulement.

Las… « Qui fait les comptes tout seul dégage de la marge », dit le dicton marocain. En effet, l’Istiqlal, discret, revient avec la force tranquille de M. Baraka. Le RNI s’est transformé en bulldozer qui ne dose pas ses efforts. Et le PJD est désormais fermement tenu par un M. Elotmani dont on devrait se méfier de la fausse bonhomie et de la trompeuse bonne humeur.

Quand on crée un parti, c’est pour répondre à une demande politique de la société. Aujourd’hui, entre les libéraux conservateurs du PJD, les libéraux traditionnels de l’Istiqlal et les libéraux tout court du RNI, le PAM aura bien des problèmes à se trouver un siège au sein de la scène politique nationale. Le strapontin sur lequel il est assis menace de s’effondrer à tout moment.

Aziz Boucetta



Articles Similaires



Les plus populaires de la semaine

Vidéos de la semaine




Newsletters