(Billet 263) – Cane ya ma Can…nabis…

(Billet 263) – Cane ya ma Can…nabis…

Bon, maintenant que même l’ONU, par OMS interposée, se penche sur la question du cannabis et de sa légalisation, il serait temps que le Maroc s’y intéresse aussi… Puisque les autres ont franchi le pas, nous pouvons aussi penser à faire quelque chose de ce qui est réellement une richesse nationale. Puisque nous semblons être incapables de prendre les devants, alors au moins ne ratons pas les arrières. Et réfléchissons…

Pourquoi le tabac et l’alcool, substances dangereuses par excellence, sont-elles autorisées ailleurs et donc ici, même avec encadrement, et pas le cannabis sous ses différentes formes et ses différents usages ? Pourquoi un nombre croissant de pays légalisent-ils la production du cannabis et pas nous, alors que nous sommes en pointe dans le domaine ? Pourquoi tant d’autres Etats autorisent-ils l’usage thérapeutique, et nous non, alors que nous aurions des richesses à engranger, des emplois à créer, une balance commerciale à améliorer ?

100.000 ménages vivent du cannabis dans le Nord, près d’un million de personnes… des milliers de prisonniers, des dizaines de milliers d’individus recherchés et en fuite pour cause de culture du kif… Des voix qui s’élèvent ici et là, et le gouvernement continue de faire la sourde oreille. Il y a des moments où l’on se demande si nos dirigeants n’ont pas fumé la moquette… Autant fumer du shit alors, c’est moins toxique !

Mais hamdoullah, l’OMS s’est attelée à la question, et œuvre à modifier le statut du cannabis, inchangé depuis des décennies, avant que les pays à « forte personnalité » ne déroulent des politiques audacieuses pour ceux de leurs citoyens qui veulent rouler des joints. Maintenant que l’OMS s’est attelée à la question, en recommandant que la plante et sa résine, selon leur teneur en THC, soient désormais placés dans la catégorie la moins dangereuse, nous n’avons plus de raison d’avoir peur pour notre sacro-sainte « image du Maroc » ! Le gouvernement doit se prononcer sur cette recommandation OMS au plus tard en mars.

Mais il n’y a pas que cela… dans la législation du cannabis, on peut faire le distinguo entre légalisation et dépénalisation, on peut séparer la production de la consommation, on doit faire la différence entre usage thérapeutique et industriel et usage récréatif. Au Maroc, on dit non à tout, selon la bonne vieille habitude locale ; au mieux, on procrastine, au pire, on embastille…

Nos décideurs gagneraient pourtant à écouter l’ancien président de l’Uruguay, José « Pépé » Mujico, qui avait lancé son pays dans la culture et la vente de la marijuana dans les années 2010, et qui avait dit: « Vivre, c’est expérimenter. Seuls les dogmatiques et les sectaires peuvent être contre l’honnêteté du mot ‘expérience’ ». Les « dogmatiques et les sectaires » (en plus des autres) chez nous doivent cesser de nous enfumer. Et s’il existe une raison obscure, politique, culturelle ou communautaire à leur refus de réfléchir au statut du kif dans le Rif, alors qu’ils le disent, qu’ils la révèlent, et qu’on en parle ! Les Marocains sont plus mûrs, aux décideurs d’être plus sûrs.

Et il y a même une bonne nouvelle dans cette histoire : la régionalisation… En effet, le conseil de la Région Tanger Tétouan al-Hoceima a voté en septembre une résolution pour lancer une étude sur l’exploitation des propriétés du cannabis en matière thérapeutique et pharmacologique. La Région défend ses populations et ses exploitations et, on le sait, rien ne se fait dans ce pays sans l’Intérieur, qui a donc donné son aval, même en creux !

Légaliser ou simplement dépénaliser la production (en l’encadrant), c’est tranquilliser les cultivateurs, c’est les enrichir en éradiquant les intermédiaires criminels, c’est créer des ressources fiscales, c’est multiplier les emplois… Légaliser la consommation, c’est réduire le trafic local, c’est protéger les consommateurs des dealers et des ajouts chimiques à forte teneur.

Et pour séculariser la production et sécuriser le consommateur, rendons-nous à l’évidence… Nous sommes un Etat où la police sait faire son travail. Alors réfléchissons, légiférons, innovons… et enrichissons-nous, en oubliant la prison comme seule raison !

Aziz Boucetta

 

 



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