(Billet 269) – Neuf ans déjà, sans que rien (ou presque) ne bougeât

(Billet 269) – Neuf ans déjà, sans que rien (ou presque) ne bougeât

Le 20 février 2011, les jeunes, puis les moins jeunes, ont laissé éclater leur exaspération et ont multiplié les manifestations d’humeur, et les manifestations tout court. Il fallait que les choses changent, alors tout a changé, pour que peu de choses changent effectivement. Neuf ans ont passé, mais le quotidien est toujours aussi énervant.

En neuf ans, le PIB a augmenté de 101 à 118 milliards de $, la précarité aussi. En neuf ans, l’espérance de vie s’est améliorée, sans que l’espoir de bien vivre suive… En neuf ans, nous avons mis en place un TGV qui va très très vite et en orbite deux satellites qui tournoient très très haut, mais la perte de confiance avance aussi très vite et la défiance montre aussi très haut. Alors les gens partent, étudiants qui vont étudier ailleurs et y restent, entreprises qui naissent en grappes avant de passer à la trappe. On attend toujours la pluie et, las d’attendre en scrutant le ciel, les ruraux vont en ville et rasent les murs.

Oh, la constitution a bien changé, les pouvoirs du roi ont en partie basculé entre les mains du gouvernement, mais durant cinq ans, les politiques se sont copieusement insultés, amusant un temps la population, avant de la lasser. On voit cela dans le taux de participation électoral qui plonge et la crédibilité des élections qui se ronge.

Laissant les politiques faire leur œuvre sur le plan national, le chef de l’Etat a alors pris son bâton de pèlerin et s’en est allé ouvrir de nouvelles perspectives à l’international. Résultat : Une formidable percée diplomatique et des retrouvailles émouvantes avec le continent, un discours de Riyad qui a bousculé les traditionnelles alliances du royaume, et un royaume plus visible, plus crédible, plus audible. Las… le service après-vente diplomatique tarde à se mettre en place et la machine diplomatique se grippe, s’agrippant à des chimères et grapillant de menus succès vendus à l’opinion comme des triomphes romains…

Alors le roi lance une demande pour un nouvel modèle de développement, à mettre en place rapidement. Silence dans les rangs politiques, chacun guettant qui y irait le premier. Les politiques encore, leur incurie et leur pénurie d’idées toujours. La peur en lieu et place du labeur… Alors une Commission spéciale sur un nouveau modèle de développement est installée, puis s’attelle à la rude tâche de lire les problèmes pour dire leurs solutions.

Pendant ce temps-là, la classe politique évolue… Le PJD stagne mais se maintient, le RNI se structure et s’apprête à en découdre, le PAM n’en finit pas de plonger et de se ronger, l’Istiqlal renaît lentement de ses cendres alors que l’USFP se consume encore dans les siennes. Un grand jeu de chaises musicales, mais désormais, on connaît la chanson. Dans l’intervalle, une autre jeunesse que celle du 20 février a émergé…

Mais constatons… le chef de l’Etat a nommé 36 experts apolitiques et l’opinion publique croit en ces nouveaux hérauts du développement. Où et comment insérer les politiques dans cette configuration, à un an des élections ? La réponse viendra dans quelques mois, au moment du rendu du rapport de développement… mais persister à attendre des miracles politiques de ces oracles si peu éthiques serait une mauvaise commémoration du 10ème anniversaire du 20 février !

Aziz Boucetta

 



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