(Billet 273) – Enrichissement illicite et collusions explicites

On peut considérer sans crainte de se tromper que le parlement fait une anti campagne électorale et qu’il dit en creux aux électeurs de ne surtout pas aller voter en 2021 ! Comment interpréter autrement ces atermoiements quant à l’adoption d’un texte explicite sanctionnant sévèrement les cas d’enrichissement illicites ? Pour les choses sérieuses, nos députés travaillent et se protègent encore plus sérieusement…
Une personne accède à une haute fonction, quelle qu’elle soit, y amasse fortune, y trouve son bonheur, y perd son honneur… et après ? Après, rien ! La machine judiciaire n’y pourra rien, ou presque, car l’action parlementaire est velléitaire, sa morale est factice et nombre de députés sont complices.
Voici l’affaire : un projet de loi est déposé en 2016 (!!!), et depuis, il rouille dans les tiroirs déjà rouillés de la morale publique. Les députés récusent la privation de liberté comme sanction, abusent de juridisme et accusent la volonté cachée de chasse aux sorcières. Et bien oui, il faut chasser les sorcières si on veut réellement sortir de l’ornière.
Résumons… Dans un pays gangréné par la corruption, malgré les douces assurances de ses officiels, et alors que la législation doit être durcie, les élus de la nation conversent et tergiversent. Rien de bien grave, on collera des amendes aux responsables indélicats, cela sera suffisant. Pas de prison, pas de confiscation des biens… Encore un peu, et on félicitera les véreux.
Comment attendre d’une population déjà énervée aujourd’hui qu’elle aille demain élire des gens qu’elle sait immunisés contre toute forme de sanctions véritables ? A quoi cela sert-il de disposer d’une l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la Corruption ? Cette Instance ne serait-elle au final qu’une coquille vide qui s’ajoute aux autres, un machin en plus, un leurre en trop ? Cela en a tout l’air…
Transparency Maroc exacerbe sa verve et le public ne s’énerve même plus. Il sait, daba. Nos députés, on le savait aussi et ils nous le confirment, sont en dessous de tout. Ils auraient au moins pu donner le change, et légiférer rudement… De toutes les manières, les suites, on les connaît, puisqu’un membre de la Commission de justice de la Chambre des conseillers est condamné à 5 ans de prison pour… corruption !!! Et qu’il est membre dirigeant d’un parti important (et re !!!). Nous ne donnons pas son nom car, n’est-ce pas, nous sommes dans un Etat de droit…
Si un Etat veut aller vite en matière de développement, il doit se résoudre à en découdre, parfois et dans certains domaines… à se montrer intraitable, voire impitoyable. Dans le respect des droits certes, mais intraitable et impitoyable… Et pour l’instant, c’est le PJD qui remporte la bataille morale.
Aziz Boucetta