(Billet 277) – Coronavirus au Maroc, ni peur ni torpeur

(Billet 277) – Coronavirus au Maroc, ni peur ni torpeur

Et ce qui devait fatalement arriver forcément arriva… « Ce », c’est le coronavirus, dont le premier cas confirmé au Maroc a été annoncé hier soir à Casablanca. Il fallait s’y attendre, depuis que le virus a posé ses valises en Europe… en France et en Italie essentiellement, où réside une forte communauté marocaine. La question n’était pas de savoir si le Coronavirus allait arriver chez nous, mais quand. Réponse : le 2 mars.

La propagation au Maroc. Selon le ministère de la Santé, le patient est un Marocain résidant en Italie. Le ministère dit que son état est stable et que ses services recherchent les personnes qui auraient été en contact avec lui, ce qui signifie qu’il y en a et qu’elles présentent de fortes probabilités de contamination. En outre, cet homme a pu entrer au Maroc malgré les dispositifs de veille et surveillance mis en place et qui ne peuvent en aucun cas être hermétiques. Il n’est donc pas le seul. Comme en France et en Italie, il faut s’attendre à une multiplication des cas, dans les jours qui viennent. Par dizaines, voire centaines. Et des morts.

La réaction des pouvoirs publics. On ne peut raisonnablement rien reprocher au gouvernement, qui s’est mobilisé depuis plusieurs semaines, dans la discrétion et, affirment les spécialistes, la rigueur et l’efficacité. Les Marocains de Chine ont été promptement rapatriés et placés sous surveillance, et le chef du gouvernement et son ministre de la Santé étaient à la manœuvre ce même 2 mars pour assurer la communication et rassurer les populations. Il faut les croire car tout a été mis en œuvre, de la détection du virus au traitement des cas confirmés, en passant par la vérification, le suivi, le transport, l’isolation et la recherche des personnes à risques ayant été en contact avec le cas confirmé. En plus d’une excellente communication.

Affaire à prendre au sérieux. Nous autres Marocains avons l’humour à fleur de peau et la critique en bord de lippe. Nous rions de tout et nous dénigrons tout, en plus de n’avoir qu’une modeste confiance en nos institutions. Il semblerait que pour le coronavirus, cela ne devrait pas être le cas.

Aussi, entre la peur panique et la torpeur coupable, la position intermédiaire est de mise. Douter de tout et redouter tout le monde n’est pas une solution ; devenir maniaque ou encore plus hypocondriaque est déconseillé et inutile… A l’inverse, être négligeant ou indifférent serait coupable. On dit que la grippe tue davantage… certes, mais nous disposons des vaccins et traitements contre la grippe, ce qui n’est pas le cas pour le Covid-19 (autre nom du coronavirus). Et il en va de même pour d’autres maladies…

Interdire les rassemblements publics. Le Salon de l’Agriculture d’avril a été annulé, immédiatement après l’annonce du cas confirmé à Casablanca. D’autres manifestations sportives et culturelles seront à leur tour déprogrammées. Fort bien, et les mosquées ? 50.000 mosquées au Maroc, réunissant dans une appréciable proximité de quelques dizaines à quelques milliers de personnes qui ne sont pas spécialement formées ou informées… en plus de celles et ceux qui se montrent fatalistes et en appellent à Dieu. Des décisions devraient être prises. Bon courage au gouvernement !

Le Roi avait ordonné le rapatriement des Marocains de Chine, le chef du gouvernement multiplie les réunions, le ministre de la Santé est monté au créneau. MM. Elotmani et Aït Taleb sont des politiques, ils ne sont donc pas nécessairement des saints, mais ils sont médecins, connaissent les risques et ont les moyens. Ils ont agi anticipativement et ont réagi promptement après l’annonce du 1er cas confirmé. L’OMS reconnaît l’efficience du dispositif marocain.

Il reste à la population à remplir son rôle de veille et de prudence, sans excès ni abus.

Aziz Boucetta

 



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