(Billet 278) – Pourquoi sommes-nous si approximatifs ?

(Billet 278) – Pourquoi sommes-nous si approximatifs ?

On a coutume de dire au Maroc que le sérieux manque dans la conduite des affaires publiques, et parfois privées aussi… Et on a raison de le dire ! Dilettantisme coupable, indifférence admirable et négligences diverses ont fini, voici longtemps déjà, par avoir raison de tout espoir de voir enfin le sérieux régner partout et imprégner le tout. Sauf que… en matière de sérieux et de rigueur, au Maroc, nous tangons entre vouloir et pouvoir.

Dernier exemple en date, l’affaire du coronavirus, Covid-19 pour les connaisseurs. Veille gouvernementale, préparation médicale et initiative royale, tout a été enclenché dès que le virus a pris les formes d’une épidémie et a commencé à menacer de basculer en pandémie. Quand l’Italie et la France furent à son tour touchées, les plans marocains de vigilance ont été déclenchés. Il suffit de se rendre sur le site du ministère de la Santé pour en prendre la mesure. C’est bien.

Autre exemple… La direction des impôts. Un jour, pas très lointain, quelqu’un de haut placé à décidé que les Marocains devaient s’acquitter de leurs impôts. Il fallait pour cela de la prévoyance, de la constance et de la bonne gouvernance. Omar Faraj, alors directeur de la Direction générale des impôts (DGI), accomplit alors le travail en toute conscience et les contribuables ont adhéré sans trop de rouspétance…

Encore un exemple… la sécurité publique et, plus généralement, la sûreté nationale. Il aura fallu quelques années seulement pour que cet appareil réputé « inréformable » devienne fréquentable, et même louable, rendant les flics (presque) sympathiques et résolument empathiques. Les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître cette évolution, mais s’ils demandent aux plus de quarante ans, ils sauront…

Revenons au mondial 2026… Si le Maroc, par un quelconque miracle, avait obtenu l’organisation de cet événement mondial, il ne fait aucun doute que nos gens auraient été à la hauteur. Antonio Guterres himself n’avait-il pas dit, le plus officiellement du monde que « si un organisme veut organiser un événement d’envergure dans un court laps de temps, il lui faudra le demander au Maroc » ?

Et le protocole royal… plus efficace, au Maroc, il est difficile de faire. Les audiences, les réceptions, les cérémonies, les déplacements, tout est précis et millimétré. Rien ne dépasse, tout le monde se surpasse. Quant à la diplomatie africaine du roi Mohammed VI, elle a permis, en quelques années, le grand retour du pays sur le continent.

Quand les Marocains décident de réaliser des choses convenablement, voire même parfaitement, ils savent y faire. Alors la grande question : pourquoi tant de secteurs vont-ils à vau-l’eau ? Pourquoi l’enseignement est-il catastrophique, et la santé publique cataclysmique ? Nous ne sommes pas à l’image de tous ces pays où rien ne fonctionne, mais pour quelle raison ne sommes-nous donc pas comme ces pays où tant de choses marchent ?

Pourquoi avoir créé une si funeste psychose coronavirale par des décisions inconsidérées d’annulation d’événements, sans communication préalable et explications convenables ? Pourquoi avoir laissé Omar Faraj quitter la DGI au moment où le ministère planche (encore) sur sa loi-cadre, quelques mois après des Assises des impôts ? Pourquoi sommes-nous incapables de gérer correctement des matchs locaux alors même qu’on aurait pu assurer la sécurité d’un mondial ? Pourquoi, une fois que le roi a ouvert la voie d’Afrique, sa diplomatie n’a-t-elle pas été suivie d’effets gouvernementaux et de faits ministériels ? Pourquoi le Marocain qui travaille ailleurs le fait-il avec conscience et qu’ici règne tant d’insouciance ?

Pourquoi sommes-nous si approximatifs alors que nous pouvons, nous savons être compétitifs ?

Aziz Boucetta

 

 

 



Articles Similaires



Les plus populaires de la semaine

Vidéos de la semaine




Newsletters