(Billet 284) - Coronavirus, le Maroc réagit bien mais doit faire plus

(Billet 284) - Coronavirus, le Maroc réagit bien mais doit faire plus

Jamais de mémoire contemporaine depuis 1945, le monde n’aura connu un événement global tel que l’actuelle pandémie du Covid-19, un fléau qui touche le monde entier, qui inquiète la population de la planète sans distinction de race, de couleur, de religion ou de niveau de développement. Et de fait, à événement exceptionnel, mesures exceptionnelles, avec cette précision de taille : bien que potentiellement mortel, le Covid-19 présente un taux de guérison important, ne tue « que » des organismes fragiles et toutes les mesures prises ne visent qu’à maîtriser la panique et éviter la saturation des systèmes publics de santé.

Les politiques déployées sont exceptionnelles, d’un genre nouveau, jusque-là inédit… La quarantaine, pratique médiévale, revient en force et dans de formidables proportions : la Chine a isolé 55 millions de personnes, l’Italie est à l’arrêt, la France s’apprête à basculer en stade 3 et son président est protégé par un dispositif spécial, et aux Etats-Unis, les vols venant d’Europe sont suspendus.

Qu’en est-il au Maroc où 6 cas sont déjà confirmés, avec un décès, sachant que le royaume est très exposé en raison des mouvements de populations avec la France et l’Italie, deux pays rudement frappés par la pandémie ? Le chef du gouvernement et le ministère de la Santé, tous deux médecins, ont vite pris la mesure des choses et déployé des mesures drastiques d’annulation d’événements sportifs, politiques et culturels… Les moussems, inexplicablement épargnés par ces mesures au départ, viennent d’être à leur tour interdits et les vols de et vers la Chine et l’Italie ont été suspendus. On a même constaté que ce 11 mars, le roi Mohammed VI n’a pas été salué par les nouveaux membres de la Cour constitutionnelle, se contentant d’un signe de la tête à distance respectable.

Constatant les conséquences économiques désastreuses pour de larges pans de l’économie (événementiel, culture, sport, tourisme…), le ministère des Finances a mis en place une cellule de veille économique regroupant plusieurs départements gouvernementaux, la CGEM, Bank al-Maghrib,  le groupement des banques et les Chambres de commerce. C’était la mesure qui manquait pour apporter de la cohérence à la politique publique de lutte contre la pandémie, et des décisions fiscales, financières et économiques doivent être prises pour envoyer des messages positifs aux opérateurs économiques qui s’inquiètent.

Si les moussems sont désormais interdits au Maroc et que les Lieux Saints de l’islam sont fermés en Arabie Saoudite, l’absence de décision sur les fermetures des mosquées du royaume, lieu de promiscuité par excellence à l’image des stades de football, reste incompréhensible. Et le mois de ramadan est à nos portes.

Pour parfaire le dispositif de lutte contre la pandémie et accompagner le train de mesures prises, il est important d’être clair, car la population adhère :

1/ Les mosquées doivent être provisoirement mais immédiatement fermées, le temps que la pandémie recule, car le faire n’empêche pas les gens de prier chez eux, isolés et protégés, et ne pas le faire constituerait une faute grave de santé publique, au vu de la vitesse de propagation du virus.

2/ Des mesures financières et/ou fiscales fortes doivent être décidées immédiatement aussi, car le Covid-19 tue et tuera bien plus de PME que d’êtres humains, au Maroc et ailleurs. Si l’Etat doit s’endetter pour soulager les entreprises, qu’il le fasse, l’heure est aux déficits budgétaires… Il ne serait ni naturel ni sain que seul le tissu productif paie les frais du Covid-19.

En matière de lutte contre la pandémie actuelle, inédite et violente, le Maroc officiel a pris le bon chemin. Il ne doit pas s’arrêter en cours de route ou se montrer hésitant.

Aziz Boucetta



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