(Billet 285) – Pendant ce temps-là, les partis de plus en plus flous…

(Billet 285) – Pendant ce temps-là, les partis de plus en plus flous…

Le monde n’a d’yeux, d’oreilles et de pensées que pour le coronavirus. On s’inquiète, on projette, on fait ses emplettes, et on apprend à vivre avec ce fléau initialement chinois, qui est devenu mondial. Chez nous, le gouvernement fait ce qu’il peut et essaie d’être convaincant. Il l’est, en craignant ce qu’à Dieu ne plaise que les choses se corsent car de convaincant il deviendra claudiquant. Et les partis, eux, se préparent en douce à 2021, année de scrutins généralisés que les observateurs vont bien scruter…

Ainsi, le RNI est entré tôt en campagne électorale malgré ses timides dénégations. Il le devait en effet, étant connu pour être un parti d’appoint qui a décidé en 2017 de devenir une formation de pointe. Pas toujours convaincant, mais de plus en plus offensif, parfois résolument agressif, il aura réussi à se hisser dans le peloton de tête, le groupe des quatre qui ont une chance de l’emporter en 2021, avec le PJD, l’Istiqlal et le PAM.

Le nouveau Leader Eclairé de ce dernier, Abdellatif Ouahbi, s’est empressé de solliciter une audience royale – qui lui a été accordée – alors même qu’il n’a (même) pas encore constitué son bureau politique, plus d’un mois après son pugilistique congrès. Pour le PAM, la pandémie est une aubaine qui lui a permis de reporter son conseil national…

Pour sa part, l’Istiqlal monte sur le pont, son patron et son Comité exécutif, coquettement surnommé « comex », ratissant large pour augmenter les chances du parti de compter dans la future équation politique. M. Baraka et ses gens sont partis à l’assaut d’un PPS en miettes depuis qu’il a été poussé plus ou moins gentiment hors du paquebot gouvernemental, et ils ont convenu de travailler ensemble. A quoi ? On ne le sait pas tout à fait et en toute sincérité, par ces temps coronaviraux, on ne s’y intéresse pas trop…

Mais l’Istiqlal ne s’arrête pas en si bon chemin, et s’en est allé naviguer à vue avec le PJD, en vue des élections à venir. A l’issue de cette causerie mutuelle, un communiqué a été rédigé avec la somptueuse langue de bois pour laquelle l’Istiqlal et dans une moindre mesure le PJD sont passés maîtres.

Cela étant, l’observateur avisé constatera que l’Istiqlal œuvre à se placer au centre de l’échiquier politique, brassant beaucoup d’air et embrassant à tour de bras, en dépit des conseils de vigilance actuels. Face à un PJD en perte de vitesse, usé par 10 ans au gouvernement à défaut de pouvoir, et à un PAM, seul encore à croire en ses chances, la gesticulation istiqlalienne semble dirigée contre le RNI qui fait cavalier seul, cible des attaques des autres partis.

Ce qui transparaît de tout cela est que comme en 2016, deux partis tentent de faire la différence pour être seuls à en découdre aux élections, mais contrairement à 2016, ce ne sont pas le PAM et le PJD, mais l’Istiqlal et le RNI. Il restera à en convaincre les électeurs qui, eux, se détachent de plus en plus de la chose politique et constatent que les partis, petits ou grands, anciens ou récents, avec ou sans âme… sont prodigieusement absents de cette crise planétaire, et donc nationale, qu’est le Covid-19.

Et pourtant, la pandémie est une occasion sans pareille pour nos partis de montrer qu’ils s’occupent, voire même se préoccupent, de nous !

Aziz Boucetta

 



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