(Billet 350) – Avons-nous échappé à la Covid pour tomber dans le… vide ?

(Billet 350) – Avons-nous échappé à la Covid pour tomber dans le… vide ?

Mais qu’est-ce qu’il prend à ce gouvernement autoproclamé « gouvernement de compétences » ? Comment a-t-il eu l’idée saugrenue et absolument malvenue de maintenir le confinement dans la désormais fameuse zone 2 ? Sans être médecin ou grand savant, il suffit juste de voir ce qui s’est produit chez nos trois voisins septentrionaux pour plonger dans des abîmes de scepticisme ; plus de 100.000 morts et des dizaines de milliers de cas actifs, et ils ont déconfiné puis repris le travail. Chez nous, 210 morts, un millier de cas actifs, et la moitié de la population continue d’être enfermée. Cherchez l’erreur !

Vous vouliez nous voir confinés et on s’est confinés… Vous vouliez nous voir porter des masques et on a porté des masques… Vous vouliez qu’on ne se salue plus et on ne se salue plus… Nous voulions voir nos mères et nous n’avons même pas vu nos sœurs… Vous n’aviez qu’à dire, et on faisait le reste. En contrepartie, vous avez rempli votre part du contrat, avec la CNSS, avec les banques, pour l’approvisionnement, pour l’informel… Tout s’est très bien passé au début, nous étions fiers de nous tous et par vous rassurés.

Puis les choses ont changé et la « cacophonie silencieuse » a commencé. Qui fait quoi, sous les ordres de qui, en fonction de quels critères et dans quel objectif ? Des questions auxquelles le gouvernement a répondu en ordre dispersé, comme dans une sorte d’indifférence coupable… Il est vrai que les décideurs ne risquent pas leur job et ne craignent pas pour leur existence matérielle, alors ils gèrent celles des autres avec, disons-le, une certaine désinvolture, conditionnant des vies humaines à des colonnes de chiffres.

Aujourd’hui, le Maroc continue de ne pas vivre normalement, sans même que les Marocains en sachent les raisons réelles. Ils ont donc le droit de gronder car si le royaume a su vaincre la pandémie en évitant l’hécatombe malgré le système de santé qu’on sait, c’est parce que les Marocains ont bien réagi, respecté les consignes, consenti les sacrifices, accepté les restrictions de liberté. Il serait naturel, voire même courtois, et peut-être même responsable, de les aviser de ce qui les attend car ils sont désormais confrontés à la ruine économique et au traumatisme psychologique.

Nos aînés meurent dans la solitude, nos actifs sont exposés à la précarisation, doutent et redoutent l’avenir, et nos jeunes, nos enfants, subissent la double peine. En effet, la génération actuelle les endettera monstrueusement car le déficit budgétaire d’aujourd’hui sera payé par les impôts de demain ; et en plus de cela, on leur impose un confinement hasardeux pour leur santé mentale. Et rien, absolument rien, ne semble avoir été pensé pour eux, malgré deux médecins au gouvernement, dans des fonctions directement en responsabilité dans la crise actuelle !

Cette politique sanitaire de crise au Maroc semble désormais de la simple précaution pour les politiques, une dure désillusion pour les adultes actifs et une si cruelle punition pour les enfants ! et que trouvera-t-on à l’arrivée ? Dans quel état seront nos familles ébranlées par trois mois de promiscuité, quelle sera la condition psychologique des enfants, combien de séniors seront-ils morts dans la peine, le chagrin et la solitude ? Combien de jeunes ont-ils vu avec consternation leurs projets s'écrabouiller contre les portes de leurs domiciles où ils sont confinés depuis trois mois ?

Le monde nous a regardés avec admiration en mars ; aujourd’hui, il nous observe avec curiosité, voire inquiétude… Les Marocains ont réagi avec maturité, suivi les consignes du gouvernement et subi bien des avanies, par confiance. En prolongeant indéfiniment, et sans perspective claire, sa politique de confinement, le gouvernement installe la défiance, et après avoir absorbé son corona, le risque de gueule de bois est grand...

Le Maroc, qui était hier au bord du précipice pour cause de système de santé défaillant, s’expose à faire un grand pas en avant demain… Sauf si le gouvernement décide d’assumer, vraiment, ses responsabilités.

Aziz Boucetta



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