(Billet 362) - Pour les Marocains du monde, est-ce Marhaba ou restez là-bas !

Il faudrait qu’un jour, ce gouvernement qui a si bien géré les choses au début, nous explique ce qu’il fait. Et surtout qu’il cesse de « rétropédaler », une activité dans laquelle il est devenu champion. Le problème des Marocains bloqués à l’étranger n’est pas encore réglé et voilà que déjà, on enchaîne avec la question de l’opération Marhaba, des Marocains de l’étranger.
« Marhaba », en langue arabe, signifie « bienvenue ». Cette année virale 2020, il n’y aura pas de Marhaba, signifiant par là, en creux, que celles et ceux qui veulent venir, voire revenir, ne sont pas bienvenus, et c’est très mal venu ! Comment oser dire à des Marocains désireux de se rendre dans leur pays, ou leur pays d’origine, qu’ils ne sont pas véritablement bienvenus ? Que penser de ce que penseront nos compatriotes bloqués quand ils apprennent que ceux qui ont une double nationalité ne peuvent être rapatriés, et au diable l’article 17 de la constitution ? Mais là encore, le chaos gouvernemental, aggravé d’une communication en situation de KO…
Prolégomènes. Le 22 juin, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita annonce en gros caractères qu’il n’y aura pas d’opération Marhaba, car « il s’agit d’un concept (sic) auquel il faut se préparer dès le mois d'avril et qui nécessite une coordination avec plusieurs pays. Il ne s’agit pas d’un simple passage mais d’une animation avec des activités culturelles et de divertissement. Il est évident et naturel que l’opération Marhaba, telle que nous la connaissons avec sa préparation et sa programmation, n’ait pas lieu ». Fort bien, le ministre a parlé et ceci est de son plein droit, comme il est du plein nôtre de s’interroger sur ce gouvernement qui a pu faire des miracles en quelques jours, parfois quelques heures, en mars, et qui se dit incapable d’organiser cette certes immense opération en un mois…
Par ailleurs, sa collègue (déléguée) à la tête du ministère Nezha el Ouafi devait faire une intervention au parlement ce lundi 28 juin pour discuter du transit à Gibraltar concernant aussi bien les MRE que les Marocains (toujours) bloqués à l’étranger. Surprise : quelques jours avant, cette intervention est annulée, sans autre explication que « circulez, il n’y a rien à voir »..
Enfin, les Espagnols, un temps réticents à cette opération Marhaba, ont fini par vaincre leurs angoisses, prenant les dispositions nécessaires pour assurer le transit sur leur territoire des quelques 3 millions de Marocains et mettant au point les meilleurs moyens d’accueil pour les alléger de leurs euros. Nos amis espagnols attendent, depuis, le feed-back marocain. Mais les nôtres ne veulent rien savoir. M. Bourita, très prolixe pour donner les chiffres des nôtres rapatriés et s’en approprier le mérite, reprend son bouclier habituel du ministère de la Santé dès qu’il s’agit de dire non.
Comme la France jadis, aujourd’hui « le Maroc a peur ». Il a bien maîtrisé l’épidémie, n’a pas hésité une seconde à prendre des mesures drastiques sur plusieurs mois, et il continue. Le gouvernement n’a pas plus regardé à la dépense qu’à la souffrance. Il a tout bloqué, puis bouclé le reste, et il attend. Attendre quoi ? Demandez au ministre de la Santé qui sait et au nom duquel on sévit.
Après moult hésitations, l’Espagne a tristement regardé son portefeuille désespérément vide, puis a acquiescé au passage des nôtres sur son territoire ; ce ne sera pas le même flux qu’avant, mais ça sera quand même du flux. Aujourd’hui, elle attend. Les Européens ont décidé de rouvrir leurs frontières aux Marocains, seuls avec une quinzaine d’autres nationalités. Les Tunisiens ont ouvert leurs frontières et leurs bras aux touristes et aux Tunisiens du monde. Rien à faire, le Maroc boude encore dans son coin, fermé à tous et aux siens. Il aura fallu la ministre des Affaires étrangères d'Espagne pou avoir une idée sur la date d'ouverture de nos propres frontières, vers le 10 juillet...
Un gouvernement doit certes protéger sa population, c’est même son devoir, mais il ne doit pas pour autant choisir la voie de la facilité, confiner trois mois et demi, fermer les frontières et s’enfermer dedans ; un gouvernement, ses ministres, doivent savoir prendre les risques quand ils s’imposent, quand ils sont bien calculés. Mais vu la mêlée gauloise qui agite les rangs de ce gouvernement, on constate qu’il est ailleurs… Quant à nos MRE, il n’y a plus qu’à leur suggérer de se diriger vers la première agence bancaire, là où ils sont, pour transférer leur sonnante et trébuchante !
Aziz Boucetta