(Billet 1143) - Sahara : cette fois, Alger n'ose pas insulter Trump et les Etats-Unis...

(Billet 1143) - Sahara : cette fois, Alger n'ose pas insulter Trump et les Etats-Unis...

Et finalement, le suspense s’est estompé, car il y avait suspense… Chacun sait en effet qu’un homme comme Donald Trump prend des positions qu’il ne ressent aucune gêne à changer, puis à rechanger. Sa reconnaissance de la marocanité du Sahara, décidée au dernier quart d’heure de sa première présidence, attendait d’être confirmée après son retour à la Maison Blanche. C’est désormais chose faite, et c’est la réaction algérienne qui est attendue.

D’abord, le timing… Le secrétaire d’Etat US Marco Rubio avait eu un entretien téléphonique avec son homologue Nasser Bourita, le 27 janvier, une semaine après l’entrée en fonction de la nouvelle administration ; mais le lendemain, le même Rubio avait eu un autre entretien, avec Ahmed Attaf l’Algérien. Le verbatim du Département d’Etat pour les deux communications téléphoniques est largement du copié-collé, et cela entretenait une sorte de flou diplomatique, d’opacité dans les positions futures de l’Administration Trump. Mais la rencontre de cette semaine entre MM. Bourita et Rubio s’est tenue à quelques jours d’un examen de la question du Sahara par le Conseil de Sécurité, une réunion butoir que l’Envoyé spécial Staffan da Mistura avait définie comme dernier délai pour trouver une solution, ou s’en aller.

L’Algérie,  qui se déclare pourtant simple observateur dans la question du Sahara, s’en va continuer de faire ce qu’elle sait faire de mieux en plus de taper sur le Maroc, taper sur tous ceux qui se rapprochent du Maroc, France, Espagne, Mali, Niger, Burkina Faso, fermant l’espace aérien, rompant les relations diplomatiques, jurant et insultant comme un charretier… En janvier dernier, elle était occupée à sen prendre à la France, mobilisant tout l’appareil d’Etat dans une guerre contre… le ministre de l’Intérieur français ! Il est vrai qu’un chef d’Etat appelant les participants d’un sommet « à dîner au Sofitel » est d’un niveau à ferrailler contre un simple ministre…

On se rappelle que quand Emmanuel Macron avait reconnu la souveraineté du Maroc sur son Sahara, Alger s’était fendu d’un communiqué rageur, enragé, multipliant les injures et les calomnies. En cela, rien de nouveau, Alger a l’habitude de se manifester ainsi, à l’image d’ « un voyou de Bab el Oued », comme disait Jean Daniel du défunt Boumediene. Puis, ne craignant jamais le ridicule – qui est devenu une seconde nature chez lui –, le président Tebboune hausse le ton contre Paris, promettant de faire plier la France… jusqu’à ce que la France menace de bloquer l’accès à son territoire aux détenteurs de passeports diplomatiques, c’est-à-dire les généraux et leurs familles, les personnels de la présidence et leurs familles… et quelques diplomates. Là, Alger s’est calmé car interdire à sa nomenklatura de se rendre à Paris revient à la priver d’oxygène, et quand elle manque d’oxygène, ses membres étouffent et quand ils étouffent, ils s’en prennent à leur système.

Alors Tebboune capitula, mais les Français devraient quand même se méfier…

Néanmoins, quand les Américains ont spectaculairement renouvelé cette semaine leur reconnaissance de la marocanité du Sahara, les Algériens semblent avoir avalé leur fennec. Le communiqué du State Department US est non seulement sans équivoque, mais il est clair, explicite, tranché… définitif, ainsi que l’affirme un fin connaisseur des arcanes diplomatiques, l’ambassadeur Ali Achour. Et là, la junte ANP et la « gente » FLN ont couiné, dégainant un communiqué exprimant leur douleur face aux faits, et une plus grande douleur de ne pas pouvoir insulter. On n’insulte pas Donald Trump !

Mieux que cela… voici quelques semaines, l’ambassadeur algérien à Washington, sur ordre des militaires, a transmis leur flamme aux nouveaux chefs de Washington et, pensant comprendre vite et bien, a offert les entrailles de l’Algérie aux Yankees honnis. Koulchi, pétrole, gaz et même terres rares, précisant en outre qu’avec les Américains, « the sky is the limit » (‘tout est possible’, en VF). Tout ? Y compris une meilleure rationalité dans la gestion des affaires nord-africaines ? Vraiment ?...  En tout état de cause, dans son communiqué sur la confirmation de la position américaine sur le Sahara, Marco Rubio a précisé ceci : « Le secrétaire a réaffirmé l’appel du président Trump pour que les parties s’engagent dans des discussions sans délai, en utilisant la proposition d’autonomie du Maroc comme seul cadre pour négocier une solution mutuellement acceptable. Le Secrétaire a noté que les États-Unis faciliteraient les progrès vers cet objectif ». En clair, Trump veut que les Algériens se mettent autour d’une table avec le Maroc et qu’ils causent Sahara, dans le « seul cadre » de la proposition marocaine ; et qu’il y travaillera !

Il faut aussi comprendre Washington… Alger se dit désintéressé de cette affaire du Sahara, alors même que les Américains disposent des rapports de la CIA qui remontent au début des années 70 et qui affirment que le seul souhait d’Alger est d’affaiblir le Maroc et de se renforcer dans la région ; les Américains n’aiment pas le mensonge, du moins quand il émane de pays faibles. Dans son entretien avec Ahmed Attaf en janvier, Marco Rubio avait insisté sur le Sahel et la nécessaire lutte contre l’instabilité qui y règne. Seulement voilà… Rubio a dû entretemps apprendre que les gens d’Alger viennent de réussir le tour de force de s’aliéner les trois pays du Sahel (Niger, Mali et Burkina Faso), avec rappel d’ambassadeurs et fermeture d’espace aérien.

Quand on sait que Marco Rubio est le même Rubio qui avait demandé en 2022 au Département d’Etat de sanctionner Alger pour financement de l’effort de guerre russe à travers les achats d’armes, on peut raisonnablement supposer qu’après la rupture d’alliances avec les trois Etats sahéliens, les Américains ne devraient pas trop s’appuyer sur Alger.

On comprend dès lors mieux la peur panique des Algériens face à cette nouvelle administration Trump. Malgré leur obsession anti-marocaine, ils n’ont pas osé réserver à Trump et Rubio le même traitement qu’aux Français ou aux Espagnols. Et cette peur se transformera en effroi si les Américains mettent en œuvre dans quelques jours au Conseil de Sécurité les termes de leur communiqué de cette semaine.

Aziz Boucetta



Articles Similaires




Newsletters