(Billet 224) – Grande causerie et plaidoyer pour de grandes causes à Marrakech

Trois jours d’immersion, trois jours de réflexion, trois jours de discussions et d’échanges divers et diversifiés… et de conviction que le Maroc non public peut et sait, quand il veut, réaliser de grandes et belles choses. C’est la 8ème édition des Atlantic Dialogues du think tank Policy Center for the New South (PCNS), à Marrakech. 61 pays, et 486 invités dont 350 étrangers, penseurs, intellectuels, leaders d‘opinion et faiseurs de politiques publiques, anciens chefs d’Etat ou de la diplomatie… et futurs leaders. Le Sud dans tous ses états, avec un grande partie de ses Etats...
Atlantic Dialogues, ainsi que l’a exprimé le président du PCNS Karim Aynaoui, c’est d’abord et avant tout de donner la parole, puis d’écouter, les décideurs passés, présents et à venir, sur les grandes problématiques de notre temps, dans cet espace qu’est l’Atlantique Sud. Etre en accord sur tout est stérile, et être en désaccord rend le débat inutile. Mais exprimer des opinions souvent convergentes, dans le partage des valeurs communes, universelles soient-elles ou non, permet d’enrichir la réflexion dans ce monde bousculé, tourmenté, qui est désormais le nôtre. Cela revient à semer ces petites graines du dialogue, qui au fil du temps aussi grandiront pour former le grand arbre de la concorde.
Et de fait, le thème retenu pour cette 8ème édition : « Le Sud en période de tourmente » est criant de vérité et d’actualité… Jetez un œil sur le monde d’aujourd’hui, et vous verrez… et peut-être même comprendrez ! De l’Irak au Chili, de l’Algérie au Liban, ailleurs, partout, les peuples se soulèvent et les têtes se relèvent face à un libéralisme débridé n’a jamais été un rêve. Il faut comprendre pourquoi cela se fait pour en mesurer les effets, pour défaire ce qu’il y a lieu et parfaire ce qu’il y a de mieux.
La 7ème édition des Atlantic Dialogues était articulée autour du thème « surmonter les points de rupture », et c’est de ces « points de ruptures » qu’est née la « période de tourmente » dans le Sud, et même un peu dans le Nord., dans ses différentes déclinaisons… comme la montée des populismes, la démocratie en crise, les réfugiés, la problématique climatique et les problèmes des inégalités, de même que de la « prochaine crise financière ».
Trois anciens chefs d’Etat, dont le très et toujours influent Nigérian Olusegun Obasanjo, des anciens chefs de la diplomatie (Le Français Hubert Védrine, l’Espagnole Ana Palacio…), des ambassadeurs d’ici et d’ailleurs, des universitaires des chercheurs ou des jeunes leaders … Tout ce monde a échangé, s’est « accordé sur les désaccords » (comme le dit si justement Karim El Aynaoui), dans une ambiance de franchise dans le propos, d’audace dans la pensée et de témérité dans les pistes de solutions.
Avec cette qualité de panels et d’intervenants et avec la récurrence de tels conférences, le PCNS créé en 2014 est parvenu à se hisser au rang de l’un des plus influents au monde, et on peut le considérer aujourd’hui comme un bien public, fait par des Marocains, avec des Marocains, pour le rayonnement intellectuel du royaume dans le monde. M. El Aynaoui a d’ailleurs lancé en mot de clôture à ses invités : « Les décideurs politiques et nous devrions vous écouter plus ». Dans l’attente, plusieurs décideurs de contrées hostiles ont pu se rencontrer, débattre, s’écouter et rapprocher leurs points de vue…
Du coup d’envoi au coup de sifflet final, la 8ème édition des Atlantic Dialogues fut un coup de maître : échanges, débats, dîners thématiques, ambiance toujours studieuse, souvent rieuse... Quand quelque chose de vraiment bien est organisé, réalisé et réussi au Maroc, il faut nous en féliciter. Nous nous en félicitons.
Aziz Boucetta